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Véronique DOTRAUX
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30 mai 2023
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Shein envisage de construire une usine au Mexique

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Véronique DOTRAUX
Publié le
30 mai 2023

Shein, le géant de la fast fashion, prévoit de construire une usine au Mexique pour en faire l’un de ses centres de production en dehors de la Chine. C’est ce qu’ont révélé à Reuters des sources proches du dossier, alors que la marque fait l’objet d’une surveillance accrue de la part des législateurs américains et cherche à renforcer sa présence en Amérique latine.


Shein


S’inscrivant dans une démarche de localisation de la production, l'usine qui fabriquera les produits Shein pourrait raccourcir les délais d'expédition et réduire les coûts de distribution pour les clients d'Amérique latine. En avril, Shein a annoncé son intention de mettre en place un réseau de fabrication au Brésil pour servir de base à sa clientèle mondiale.

Fondée en Chine, la société y fabrique la plupart de ses produits mais cherche à se diversifier. Avec ses robes à 10 dollars et ses hauts à 5 dollars, elle a gagné des parts de marché sur les autres distributeurs de mode bon marché.

Désormais basée à Singapour, Shein est en concurrence avec l’application d’e-commerce Temu, détenue par PDD Holdings, qui vend à travers les États-Unis des articles à bas prix (allant des vêtements à l’électronique) en provenance de Chine.

Shein et Temu sont actuellement dans le collimateur du Congrès américain en raison de ce que certains législateurs qualifient d’exploitation des lois commerciales américaines. Shein a également essuyé de nombreuses critiques sur les marchés, notamment indien et brésilien, pour ses liens avec la Chine dans la chaîne d'approvisionnement.

Selon les sources, qui ont souhaité rester anonymes vu le caractère privé des discussions, l'emplacement définitif du site au Mexique n'a pas encore été décidé.

Shein utilisera les fonds provenant de sa récente levée de capitaux de 2 milliards de dollars (1,86 milliard d’euros) auprès d'investisseurs tels que Mubadala et Sequoia China pour son expansion, et envisage également une première une introduction en bourse aux États-Unis. "Malgré une valorisation réduite à 66 milliards de dollars (61,49 milliards d’euros) lors de son dernier cycle de financement, l’enseigne chinoise affiche toujours une croissance annuelle de son chiffre d'affaires de 40%", a précisé l'une des sources.

Shein n’a pas souhaité commenter cette expansion, mais a déclaré qu'elle s'engageait à localiser ses produits à mesure qu'elle s'implantait sur de nouveaux marchés. "La stratégie de localisation de Shein nous permet de réduire les délais de livraison vis-à-vis des clients tout en élargissant la variété des produits et en soutenant les économies locales", a indiqué Marcelo Claure, président de Shein Amérique latine, dans un communiqué envoyé par courrier électronique.

Shein "continue d'explorer les options de délocalisation de proximité", a-t-il ajouté, se référant à une production plus proche du point de vente.

Dernièrement, Shein a présenté une plateforme d’e-commerce au Brésil, permettant à des marchands tiers de vendre leurs propres produits sur l'application et le site web de la marque. Une marketplace similaire devrait être lancée aux États-Unis avant d'être déployée à l'échelle mondiale.

En avril, une commission fédérale a publié un rapport reprochant à Shein et Temu d’avoir recours à la règle des minimis, une exemption commerciale qui permet aux entreprises d'éviter les droits de douane en expédiant des colis d'une valeur inférieure à 800 dollars directement aux clients américains. Le rapport reproche également à Shein de s'approvisionner en coton dans la province chinoise du Xinjiang, une région interdite aux États-Unis en raison de ses liens avec le travail forcé des Ouïghours.

Shein a nié que ses produits provenaient de la région du Xinjiang. Temu n'a quant à elle pas réagi immédiatement aux demandes de commentaires mercredi.

En mai, un groupe bipartite de plus d’une vingtaine de parlementaires américains a demandé à la Securities and Exchange Commission, l’organisme américain de contrôle des marchés financiers, de suspendre l'introduction en bourse de Shein afin de s’assurer que le géant du prêt-à-porter à bas coût ne recourt pas au travail forcé, selon Reuters.

"Nous coopérons volontairement avec la Commission et nous sommes déterminés à travailler ensemble sur cette question", a déclaré un porte-parole de Shein, ajoutant que l'entreprise "s'engage à respecter les droits de l'homme et à se soumettre aux lois et réglementations locales sur chaque marché où elle opère".
 

 

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