Zara déploie sa plateforme de seconde main en France, Allemagne et Espagne

Auteur :

Eva Gracia Morales

Traduit par
Clémentine Martin

Publié le
23 mai 2023

La plateforme de seconde main Zara Pre-Owned a été lancée en novembre 2022 par le groupe Inditex au Royaume-Uni. Son objectif: permettre aux clients d’offrir une deuxième vie à leurs vêtements grâce à la réparation, la donation ou la revente d’articles entre particuliers. L’entreprise va poursuivre son déploiement sur de nouveaux marchés courant 2023, tout d’abord en France et en Allemagne, puis en Espagne.

C’est ce qu’a indiqué Óscar García Maceiras en exclusivité au journal économique Expansión durant un entretien. Le PDG du groupe textile espagnol a déclaré que l’entreprise “met actuellement tout en œuvre [pour déployer Zara Pre-Owned] en Espagne d’ici la fin de l’année“.

Cette plateforme de revente d’articles de mode ne propose que des pièces de la marque et facilite les transactions entre particuliers. Début 2023, une information avait déjà filtré: le groupe Inditex était à la recherche de partenaires sur le marché espagnol pour déployer Zara Pre-Owned dans le pays, surfant sur une tendance en plein boom. D’après une enquête menée en juin 2022, 43% des Espagnols ont intégré la seconde main à leurs habitudes d’achat.

C’est un pari que de nombreuses autres entreprises du secteur textile font depuis quelques années, avec cependant des nuances: Kiabi et Carrefour ont des corners dédiés aux pièces d’occasion dans certaines boutiques et Veepee a également lancé un programme pour la collecte et la revente d’articles, pour ne citer que ces exemples.

Une stratégie 2023 centrée autour du commerce physique

Dans l’interview donnée à Expansión, Óscar García Maceiras repasse les défis à relever cette année et les suivantes et revient sur quelques projets et mesures prises par la compagnie. Le responsable souligne une nouvelle fois la pertinence du business model du groupe, véritablement omnicanal avec une intégration complète entre les boutiques et le site web. Les points de vente physiques “sont des supports opérationnels essentiels pour nos opérations en ligne“, insiste-t-il.

En 2022, les ventes totales du conglomérat ont progressé de 4%. Les boutiques physiques, elles, ont vu leurs revenus augmenter de 23%. La rentabilité au mètre carré pour 2022 a dépassé de 16% celle de 2019, et le dirigeant indique d’ailleurs que la surface moyenne des prochains espaces de vente ouverts par le groupe se situera entre 2.500 et 3.000 mètres carrés. Cependant, certains flagship comme la boutique de la plaza España à Madrid atteignent 7.000 mètres carrés.

Et concernant la stratégie du groupe tout entier, Óscar García Maceiras écarte pour le moment la création de nouvelles chaînes pour laisser place aux nouveaux projets lancés par le groupe au cours des dernières années, notamment pour Zara. Les boutiques Zara intègrent maintenant des corners spécifiques pour les lignes les plus récentes, comme Zara Beauty, mais la chaîne ne prévoit pas de points de vente indépendants pour ces sous-catégories.

Bien décidé à se débarrasser de l’étiquette “fast-fashion“ qui lui colle à la peau, le groupe va poursuivre la diversification de l’activité de toutes ses chaînes afin de favoriser la croissance.

D’après les déclarations faites par le dirigeant à Expansión, l’année fiscale 2023 “a bien commencé. L’entreprise est au maximum de son rendement, tous les marchés fonctionnent parfaitement et nous envisageons la suite de l’exercice avec optimisme“. Au premier trimestre, les ventes du groupe ont augmenté de 13,5% hors effets de change, un chiffre qui atteint même 17,5% si l’on exclut l’impact des marchés russe et ukrainien.

Malgré sa taille déjà considérable, le groupe considère qu’il dispose encore d’un grand potentiel de croissance, sur son propre marché et à l’étranger. L’Espagne a généré 15,4% des revenus d’Inditex en 2022, mais le groupe a déjà plusieurs projets dans les tiroirs qui vont lui permettre “de mieux se positionner dans plusieurs villes“, analyse son PDG.

Au-delà du marché espagnol, l’entreprise a les yeux rivés sur les États-Unis, qui ne contribuent pour l’instant qu’à hauteur de 0,5% du chiffre d’affaires, ce qui augure une formidable opportunité de développement. Inditex veut mettre en place une trentaine de projets stratégiques aux États-Unis au cours des trois prochaines années et étudie également la possibilité de lancer d’autres chaînes comme Massimo Dutti et Zara Home sur le marché, où seule Zara est présente pour l’instant.