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Habillement : les enseignes veulent en finir avec la boulimie d'approvisionnement

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28 nov. 2019

L'année 2019 est-elle celle du basculement sourcing ? C'est ce que laissent entendre les chiffres révélés par l'Institut Français de la Mode. Lors de la conférence Fashion Reboot du 27 novembre, les chiffres présentés ont montré un renversement des politiques d'enseignes au profit d'une approche quantitative raisonnée.


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Sur l'exercice 2017, seulement 10 % de la centaine de marques interrogées par l'Institut indiquaient vouloir réduire leurs volumes d'approvisionnement. Deux ans plus tard, elles sont désormais 37 %. Part identique à celles souhaitant une stabilité des quantités sourcées. En parallèle, la part des entreprises indiquant vouloir doper leur quantité d'approvisionnement, qui était de de 44 % en 2017, a chuté à 31 % puis 26 % sur les deux exercices suivants.

"Nous sommes face à un vrai mouvement de fond", insiste Gildas Minvielle, directeur de l'Observatoire économique de l'IFM. "Il y a désormais une volonté de s'approvisionner en fonction de ce qu'ils vont vendre, et d'arrêter la boulimie d'approvisionnement. Et cela pour plein de raisons : parce que le marché est en contraction, mais aussi par démarche écoresponsable. C'est très spectaculaire".

Une évolution qui n'influe cependant pas sur la décomposition calendaire des approvisionnements. Quelque 47 % des commandes continueront de se faire sur le long terme, à niveau stable par rapport aux 48 % affichés l'an passé. Le moyen terme passe pour sa part de 31 à 35 % en un an. Le court terme, incluant réassort et actualisation, se contracte en conséquence légèrement, passant de 21 à 18 %.

Cette approche raisonnée, trouvant sa source dans des convictions ou dans la volonté de réduire les risques d'invendus, intervient un an après que l'IFM a indiqué que seulement 8 % des enseignes plaçaient le développement durable au cœur de leur stratégie pour l'année 2019. Cette année, l'Institut est allé interroger les dirigeants de marques et enseignes pour connaitre leurs actions prioritaires.


IFM


Et il ressort que 38 % font de la traçabilité des matières, et de la meilleure connaissance de celles-ci, leurs priorités. "On sent dans les réponses un effort important sur le sujet", note Gildas Minvielle. Ils sont ensuite 28 % à mentionner l'utilisation de matières écoresponsables labellisées. Score identique à celui atteint par l'utilisation de matières recyclées, tandis que le renoncement à certains matériaux comme la fourrure, le mohair ou l'angora, est mentionné par 25 % du panel. Panel dont 22 % des répondants indiquent ne pas mener d'action particulière concernant les matériaux.

"Je pense que ce chiffre reste hélas très élevé, mais qu'il est rapidement amené à baisser", pour le directeur de l'Observatoire, qui évoque une année 2019 marquée par les prises de parole de Greta Thunberg ou la mise en chantier du Fashion Pact. "La situation va beaucoup changer dans les années qui viennent, et que l'attente des consommateurs comme des collaborateurs sur ces sujets est amenée à prendre de l'ampleur".


Evolution des exportations françaises d'habillement, en euros - IFM


Sur les neuf premiers mois de l'exercice 2019, l'Union européenne a renforcé de 5,8 % ses importations d'habillement, à 66,9 milliards d'euros, avec une hausse limitée des marchandises chinoises (+1,7 %), mais plus marquée du côté du Bangladesh (+10,3 %), du Vietnam (+10,4 %) et du Pakistan (+10,5 %). Côté exportations, l'IFM estime que la France expédiera l'année prochaine pour 11,3 milliards d'euros d'habillement, contre 10,2 milliards en 2018 et surtout 10,8 milliards attendus pour l'exercice en cours.

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