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23 févr. 2022
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Une rumeur place LVMH comme potentiel acquéreur de Ralph Lauren

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23 févr. 2022

La rumeur attise les imaginaires et susceptibilités du luxe et de la mode outre-Atlantique: LVMH serait intéressé par un rachat de Ralph Lauren. Lancée tard mardi soir aux Etats-Unis, l'idée vient du média financier américain Axios qui précise que selon des sources proches du dossier, le géant mondial du luxe avait eu des "discussions exploratoires" avec l'un des grands noms de la mode américaine "durant les deux dernières années".


Ralph Lauren


Le propos reste cependant assez vague sur la teneur de ces échanges et s'ils sont toujours en cours... ou s'il s'agit d'une fuite orchestrée pour faire sortir du bois d'autres potentiels acquéreurs.

Avec un cours de Bourse (à New York) de l'ordre de 130 dollars, la capitalisation boursière du groupe Ralph Lauren est de quelque 9,2 milliards de dollars. Même si l'entreprise est dirigée par le français Patrice Louvet depuis 2017, Monsieur Ralph Lauren est toujours à la tête du style de la marque et du conseil d'administration. Il contrôle aussi une grande partie des droits de vote de la société. Mais, tout comme Giorgio Armani en Italie, la question de sa succession se pose régulièrement alors qu'il a 82 ans.

Qui serait dès lors susceptible de s'offrir le groupe américain qui réalisait l'an dernier 4,4 milliards de dollars de chiffre d'affaires et table, pour son exercice qui se terminera fin mars, sur un chiffre d'affaires autour de 6,15 milliards d'euros.

Nombre d'analystes voient dans le groupe américain une cible intéressante pour le mastodonte français, dont le volume d'affaires global est 11 fois plus important. Bien sûr, une prime à l'achat serait de rigueur pour s'offrir la société basée à New York. Ainsi, alors que Tiffany était valorisée 12 milliards de dollars au moment des premiers mouvements, LVMH l'a finalement acquise 15,8 milliards de dollars deux ans plus tard. Malgré le montant record pour le secteur, la réussite rapide de l'intégration de Tiffany&Co a généré l'admiration lors de la présentation des derniers résultats du groupe de Bernard Arnault.

LVMH a précisé à FashionNetwork.com ne pas commenter cette rumeur. Ralph Lauren n'a pas non plus rebondi lors de la sortie de ce sujet. Aucun des deux géants n'a pour autant démenti. Le précédent flatteur de Tiffany pourrait laisser penser que le groupe français recherche de nouvelles cibles Outre-atlantique... encore faut-il que celles-ci soient de grande envergure pour s'adapter aux process de LVMH. En 2016, le groupe français avait ainsi cédé Donna Karan dont le potentiel de développement n'était pas adapté à sa taille. Depuis, c'est via son fonds Luxury Ventures qu'il a investi dans les marques américaines Gabriela Hearst, Mad Happy ou récemment Aimé Léon Doré.

Du pour et du contre



Alors, Ralph Lauren serait-il une bonne pioche pour le groupe français? Ralph Lauren serait de la bonne taille d'autant que pour le groupe américain le nombre d'acquéreurs potentiels du secteur reste limité. L'acquisition permettrait à LVMH de renforcer ses positions en Amérique du Nord avec une marque qui réalise encore près de la moitié de ses ventes sur cette région. Et la puissance de LVMH permettrait à la marque de renforcer ses positions en Europe et surtout en Asie, où sa présence reste limitée (20% de ses ventes sur ses trois premiers trimestres2021-22). C'est aussi l'un des acteurs fort du positionnement "luxury" outre-Atlantique avec Tommy Hilfiger ou Michael Kors.

Mais le dossier Ralph Lauren comporte quelques interrogations. Une telle acquisition signifierait, si Ralph Lauren conserve son périmètre d'activité actuel, un élargissement du spectre de clientèle de LVMH du luxe vers le premium. En effet, si son Purple Label est positionné très haut de gamme, les prix de ses collections Polo ou RLX sont accessibles. Surtout, si la marque possède une très forte notoriété, c'est aussi qu'elle a adopté un double positionnement entre une visibilité premium et une très large distribution via des magasins d'usine. A la fin de son troisième trimestre le groupe possédait 505 magasins opérés en direct dans le monde: 332 sont des magasins d'usines. Une approche qui ne serait pas alignée, pour l'heure, avec la philosophie retail du groupe LVMH, très précautionneux sur ce sujet.

Par ailleurs, la marge opérationnelle courante du groupe LVMH sur le dernier exercice est de 26,7% alors que Ralph Lauren table sur une marge remontant entre 12% et 12,5% sur l'exercice qui se clôt le mois prochain. Si un accord est trouvé entre les deux géants de la mode et du luxe deux options vont se présenter: soit l'américain connaîtra une période de transformation forte pour rentrer dans le plan de route du groupe français, soit ce dernier va développer une offre premium dans son portefeuille.

Pour l'heure, rien de tout cela n'est avéré. Reste qu'avec ses résultats stratosphériques (son niveau de cash-flow disponible d’exploitation a doublé pour dépasser les 13,5 milliards d'euros fin 2021), LVMH a les moyens de discuter très sérieusement avec la quasi-totalité des acteurs du secteur.
 

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