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Semaine de la mode masculine à Paris, troisième jour: Rains, Rick Owens et Uniforme
La mode scandinave, qui fait fureur depuis dix ans, s’est enfin invitée sur les podiums parisiens ce jeudi avec un défilé de super-héros vêtus de maxi doudounes proposé par Rains.
Rains: la coolitude de Kierkegaard
La spécialité de Rains, ce sont les tenues fonctionnelles pour le grand air, mais la directrice créative de la marque, Tanne Vinter, a eu l’intelligence de prendre un tas de risques avec cette collection – en montrant des tas de couleurs acidulée et en osant des proportions et silhouettes inédites.
"C’est une collection qui tourne principalement autour des couleurs. Je voulais une aurore boréale, ces couleurs mystérieuses qu’on voit danser dans le ciel comme si elles jaillissaient de l’obscurité. Comme les tons roses et citron vert proposés aujourd’hui", explique la créatrice de Rains.
Et elle ajoute des matériaux à demi-transparents très cool, "pour donner de la profondeur aux vêtements", selon ce grand viking blond qui s’exprime avec beaucoup d’assurance et un sourire moqueur.
La transparence fait aussi naître des pièces façon 3D, dont certaines parachevées par un monogramme Rains. Et le volume hivernal selon Tanne Vinter est aussi chic que spirituel, avec notamment ces fantastiques cuissardes matelassées à côtes horizontales, ou ces cols et traînes doudounes tout à fait royaux.
Rains est avant tout une marque internationale de lifestyle et de vêtements d’extérieur dont la pièce phare est la doudoune. Mais en créant un défilé de looks complets, et en poussant ces uniformes à leur paroxysme, Tanne Vinter développe une démonstration de mode parfaitement dans le coup autour du glamour hivernal et d’un futurisme funky.
Voilà une belle façon d’ouvrir la porte à la mode scandinave à Paris, la capitale de la mode la plus difficile de la planète. Ce n’est pas rien!
Rick Owens: lumière, action, stroboscopes
Assister à un défilé Rick Owens exige toujours de donner de sa personne, et cette saison tout particulièrement avec le "strobo show" de l’Américain, qui bombardait littéralement le public de flashs, tandis que les mannequins défilaient avec des lampes néon sur la tête.
Au moins, le créateur nous avait prévenu. Et aucun invité de ce défilé organisé à l’étage du Palais de Tokyo n’a eu d’attaque, donc tout est bien qui finit bien. Et quant au défilé… c’était quelque chose!
Le super-héros futuriste de retour de la bataille imaginé par Rick Owens est l’un des concepts qui a le plus influencé la mode ces dix dernières années. Cette saison, il va encore plus loin en plantant des doubles néons de cinquante centimètres de long sur des guerriers aztèques de la teuf. Lesquels portaient des écharpes et des parkas en duvet évoquant les formes renflées d’un Brancusi, des manteaux minimalistes en cuir de chevaliers du Moyen Âge, et des jupes dévoilant une jambe qui leur traînaient sur les talons.
Le plus bizarre, c’étaient les coiffures en cuir ou peau de poney, avec masque intégré. Pas tout à fait l’idiot du village au pilori, mais pas loin.
Uniforme: La mode Milly-la-Forêt
Tout le monde adore parler de mode durable, mais Uniforme vit vraiment cette démarche.
Cette saison tout particulièrement, avec une collection toute en maîtrise, mailles hautement désirables et chic pragmatique. Le tout était présenté dans une vidéo parfaitement bien sentie, tournée dans un pavillon en bois avec d’immenses baies vitrées, près de Fontainebleau: un petit paradis Airbnb.
On avait le sentiment d’être en pleine forêt en regardant les tops interagir avec des rochers ou des arbres anciens, près de la vieille ville de Milly-la-Forêt.
Plus important, Uniforme est une marque respectueuse de l’environnement parce que les créateurs ne multiplient pas les prototypes, mais travaillent directement avec les artisans et les usines de petite taille, limitant ainsi le gaspillage. Tous ceux qui ont déjà vu les créateurs des plus grandes maisons s’échiner à réduire une collection de plusieurs centaines de looks à seulement 50 passages la veille d’un défilé savent de quoi nous parlons.
"Nous voulons être une entreprise de taille modeste, et une marque hors des tendances. Plutôt une garde-robe évolutive qui recherche sa propre forme de perfection", explique Rémi Bats, qui a cofondé la marque avec Hugues Fauchard après leur rencontre au Studio Berçot, l’école de mode parisienne.
Cette saison, ils font évoluer leurs pulls irlandais à double encolure et col montant, et leurs pull-overs architecturés qui se détachent délicatement du dos. Et les surchemises chics en flanelle de chez Fox Brothers sont très actuelles. Des pièces réalisées à partir d’invendus, comme plus de 90% de la collection. On fait difficilement plus développement durable!
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