Par
AFP
Publié le
20 déc. 2005
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Robert Clergerie, un patron revenu à la rescousse de son entreprise

Par
AFP
Publié le
20 déc. 2005

ROMANS (Drôme), 20 déc 2005 (AFP) - Robert Clergerie, 71 ans, a décidé de renoncer à la retraite pour faire renaître sa société éponyme, qui reste le dernier grand nom de la chaussure de luxe à Romans (Drôme) à tenir le coup, après la déconfiture de Stéphane Kélian et Charles Jourdan.


Collection été 2006 Robert Clergerie, modèle Veritas : derbie cuir glaçé bicolore et bout fleuri

En 1981, cet ancien de Jourdan lance la marque Robert Clergerie, une chaussure de femme inspirée des modèles masculins.

La société se développe dans le monde entier, avec un réseau de magasins.

Le fondateur revend l'affaire en 1996 à une filiale de la Banque Populaire et cesse son activité en 2001.

Mais quelques années plus tard, voyant son entreprise plonger, il n'y tient plus.

"J'avais les pieds au chaud. Mon fils aîné m'a dit: il y a 230 salariés, il y a notre nom, tu t'emmerdes un peu, ça te soucie, reprends l'affaire", raconte cet homme mince en blouse blanche, au parler franc et volontiers provocateur.

Sa femme et sa fille n'étaient pas favorables à ce retour aux affaires, mais il décide d'y aller quand même.

"J'étais mal, j'avais l'impression de ne plus être utile. La retraite, c'est la dernière ligne droite avant la mort. Je n'aime pas la retraite", explique-t-il.

En janvier 2005, il réinjecte l'argent tiré de la vente de son entreprise et reprend 90% du capital.

"L'argent que j'ai mis, je ne le reverrai pas mais je m'en fous. Je suis en accord avec moi-même. Je suis bien dans ma tête", résume-t-il.

Il est aujourd'hui président du conseil de surveillance et donne son avis sur les collections.


Collection été 2006 Robert Clergerie, modèle Serto : sandale cuir haut talon

La nouvelle du retour du père fondateur a été un soulagement pour les salariés fin 2004. "J'ai eu des mots dans ma boîte aux lettres de salariés me disant merci, on va passer un bon Noël grâce à vous", se souvient Robert Clergerie.

"Le jour où il est revenu, ça faisait longtemps que je n'avais pas vu les ouvriers avec un grand sourire", raconte le directeur industriel, Patrick Colin.

"Sans lui, l'usine serait fermée à l'heure actuelle", estime Brigitte Olagnon, ouvrière depuis 28 ans chez Clergerie. "On serait comme les autres, Kélian et Jourdan. On s'est vu dans le gouffre", renchérit Geneviève Salgues, 24 ans d'ancienneté.

Les salariés décrivent un patron "professionnel" et "rigoureux", qui "connaît le métier de A à Z", parfois "pète-sec" mais proche d'eux.

Aujourd'hui, grâce à "une politique défensive et une rigueur de gestion", l'entreprise va bien, juge M. Clergerie, même s'"il y a des choses à voir".

"C'est une entreprise en renaissance, en redéploiement. C'est comme une bicyclette, ça va toujours plus vite dans la descente", compare-t-il.

La société, qui fabrique toujours ses chaussures dans son usine de Romans et dont le chiffre d'affaires s'élève à environ 25 millions d'euros, compte des boutiques dans le monde entier (Tokyo, New-York, Los Angeles, Madrid, Bruxelles, Londres...) et exporte 70% de sa production.

Elle mise sur "une grande créativité" et "la qualité made in France" pour rester compétitive, selon le président du directoire, Jean-Louis Gony.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.