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Relance industrielle: quels projets pour le textile-habillement français ?

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25 nov. 2021

Écoles de Production, modernisation d’usines, développement de nouvelles technologies… L’exécutif multiplie depuis un an les projets industriels soutenus par le plan France Relance. Des filatures aux produits finis en passant par teinture et fabrication de machines textiles, FashionNetwork.com fait le point via un tour de France des projets retenus.


Carte des 32 projets France Relance liés au textile - Data.economie.gouv.fr



Du côté des produits finis a par exemple été retenu pour le plan de relance le projet de Tissage de France (Vosges), qui entend mettre sur pied la première usine zéro déchet de jeans éco-conçus. Le vénérable Le Minor (Morbihan) entend pour sa part moderniser son usine historique et renforcer ses capacités, tandis que Tricots Saint James (Manche), annonce l'achat de nouvelles machines, transition numérique et accroissement de la surface de production. La Société Choletaise de Fabrication (Maine et Loire) entend également se moderniser pour relocaliser certaines étapes de production.

Un centre de production robotisé est pour sa part en préparation chez Petit Bateau (Aube), tandis que France Luxury Shirt (Loiret) veut moderniser et automatiser sa production de chemises haut de gamme. Le spécialiste du jacquard Tissages de Charlieu (Loire) entend quant à lui développer la production de sacs textiles recyclés, tandis que le fournisseur de grandes marques Lener Cordier (Nord) espère relocaliser en étendant son outil productif. Quant à Ouragan (Val d’Oise), il compte moderniser son outil de production pour marques de luxe et protection individuelle.

L’Institut Français de la Mode et de l’Habillement (IFTH) a pour sa part décroché en août dernier le soutien de l’État pour la création d’un Fablab parisien. Un lieu de prototypage destiné aux acteurs locaux adoptant des approches durables et écoresponsables.

Chaussettes et vêtements de travail



L’univers des chaussettes n’est pas oublié parmi les projets. Fort de 3 millions de paires produites par an, Tismail (Aube) entend poursuivre la modernisation de son outil pour élargir sa gamme de produits, visant notamment le marché du sport. Broussaud Textiles (Haute-Vienne) entend pour sa part automatiser une partie de sa production pour gagner en réactivité.

Du côté des vêtements professionnels, TDV Industries (Mayenne) compte mettre en place une chaîne de recyclage de vêtements de travail usagés pour en réutiliser le coton. Kiplay (Orne) mise de son côté notamment sur l’automatisation pour relocaliser une partie des productions via des outils 4.0.
 

Le lin au coeur de plusieurs projets



Il ressort également des listes publiées par Bercy quelques concordances sur des filières spécifiques. La plus évidente étant le lin. D’amont en aval, le spécialiste de la récolte et teillage de lin Van Robaeys Frères (Nord) veut investir dans des moulins finisseurs pour valoriser la matière. Peignage Dumortier (Nord), dernier représentant de cette étape de production, souhaite quant à lui adapter son outil pour consolider son activité.


Safilin



Plus tôt dans la chaîne arrive le projet Safilin (Pas-de-Calais) de relocalisation de filature de lin depuis la Pologne. Après avoir lancé ses propres filatures, Velcorex (Haut-Rhin) veut développer avec Schlumberger de nouvelles solutions aux différentes étapes de production. Quant au dernier fabricant français de fausses fourrures Peltex (Vosges), il entend rapatrier une partie des productions asiatiques en renforçant notamment le recours aux fibres libériennes (lin, chanvre…).

L’amont face aux possibilités de modernisation



Les projets retenus dépassent donc les produits finis. Dans les métiers de la couleur, l’entreprise France Teinture (Aube) travaille ainsi avec Le Coq Sportif à optimiser ses méthodes de production, tandis que Pill Biotech (Haute-Garonne) entend industrialiser l’utilisation de pigments biosourcés notamment destinés à l’univers textile. Le projet Bobine de l’Union textile de Tourcoing Industrie (Nord) porte lui sur une technologie de teinture écologique pour fils cellulosiques.

Du côté des fils, Textile de la Thierache (Nord) entend développer des fils produits à partir de déchets textiles. Moulinage du Solier (Haute-Loire) entend pour sa part relocaliser la filature de fils techniques et fonctionnels. Spécialiste de la viscose, Textile des Dunes (Nord) entend, lui,  réduire son empreinte environnementale et développer des fils pour matières plus délicates.


L'entreprise 3D-Tex à Saint Malo - AFP



A ces projets s’ajoutent des domaines comme la dentelle, avec Sophie Hallette (Nord) comptant moderniser ses machines “leavers”, ou les cosméto-textiles, avec Skin-up (Indre-et-Loire), qui souhaite développer un laboratoire expérimental.

A ceux-ci s’ajoutent des projets comme celui d’Atelier d’Ariane (Aube) spécialiste des textiles luxe et technique, qui mise sur la robotisation pour relocaliser. Ou 3D-tex (Ille-et-Vilaine) qui développe une solution industrielle de tricot 3D limitant les chutes. Sans oublier Gebetex (Eure), et son projet de centre de tri textile digitalisé et automatisé.

Étiquetage et traçabilité ne sont pas oubliés parmi les projets retenus. Ainsi, Bercy a retenu Fenotag (Bouches-du-Rhône), qui veut massifier sa production de dispositif RFID (identification par radio-fréquence) sur support textile. Primo1D (Isère) veut industrialiser la production de son fil E-thread, solution de traçage inséré dans la fibre elle-même. Sans oublier Neyret (Loire) qui veut investir dans son outil de tissage d'étiquettes intelligentes, afin d’associer ses jacquards haut de gamme à l’IOT (internet des objets).

Les Écoles de Productions textile fleurissent



Aux enjeux industriels s’ajoutent naturellement les enjeux de formations, à une période où la quête de travailleurs qualifiés s’avère complexe pour les industriels. C’est dans ce contexte que se déploient les premières Écoles de Production, ces structures à but non lucratif accompagnant des jeunes de 15 à 18 ans dans l’apprentissage d’un métier et dans l’obtention d’un diplôme s’y rapportant.


Cartographie des différentes Écoles de Production soutenues par l'exécutif,tous secteurs industriels confondus - Bercy



Le 23 novembre, l’État a officiellement apporté son soutien à six structures dédiées au métier d’opérateur de confection textile et à la bijouterie. Trois projets d’établissements ont notamment été retenus lors du dernier appel à manifestation d’intérêt portant sur l’ingénierie. Trois écoles textiles vont ainsi voir le jour à Bressuire (Nouvelle Aquitaine), Vire (Normandie) et Remiremont (Grand Est).

Le premier projet est porté par la Maison de l’Emploi du Bocage Bressuirais, avec le soutien du Club des Entreprises du bocage Bressuirais et du Club des jeunes dirigeants (CJD) Nord Deux Sèvres. La structure normande reçoit quant à elle l’appui de l'Intercommunalité de la Vire au Noireau, soutenue par les entreprises Liste Rouge, Tricots St James, Normandie Habillement, Filix, Créative Solutions, Bagster et Le Préau. Le projet de Remiremont est quant à lui porté par le Syndicat du Textile de l’Est, qui regroupe les entreprises de la filière textile vosgienne.

Ces sites viennent s’ajouter à trois structures existantes. A commencer par l’Epicc qui a récemment ouvert ses portes à Roubaix, et dont FashionNetwork.com a récemment détaillé les ambitions. Aux antipodes de l’Hexagone, la Fask Academy a accueilli sa première promotion le 24 novembre à Marseille, avec le soutien de la région, de l’État, de la Caisse des Dépôt et de la fondation Total Energies. 

A celles-ci s’ajoute l’École de Production Saint Éloi, structure dédiée aux métiers de la joaillerie qui prend forme à Annecy. Une structure accueillie non sans enthousiasme par la filière, et qui va emmener ses jeunes élèves jusqu’au CAP “Art du bijoux et du joyaux”, ou jusqu’au BMA Brevet des Métiers d’Art.

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