Paul & Joe Homme étoffe sa collection homme et défilera à la Fashion Week de Londres

Auteur :

Emma RUFFENACH

Publié le
8 févr. 2023

​Le gilet en maille bleu ciel est brodé d'une tête de chat, le tailleur est ponctué de chrysanthèmes dans des tons pastel, le pantalon à pinces chocolat est quant à lui rehaussé d'un large ourlet... Paul & Joe twiste la garde-robe masculine - un brin dandy - avec des détails androgynes. La griffe de prêt-à-porter, au positionnement haut de gamme, créée en 1995 par Sophie Mechaly relance sa ligne homme depuis l'arrivée d'Adrien Albou, un des fils de la fondatrice, en janvier 2021. 

Adrien Albou a fait ses classes dans la maison Iro puis a fondé le label Garçons Infidèles. Pour Paul & Joe Homme, il mêle des influences diverses entre "l'art de faire la fête la nuit, les années 1970, le look rockabilly d'Elvis et le côté féérique et poétique d'Alice au pays des merveilles", version Tim Burton.

"La garde-robe de l'automne-hiver 2022, présentée l'an dernier à Londres, a été conçue à partir des stocks restants de la collection femme, c'était une petite capsule", ajoute le créateur et directeur artistique âgé de 30 ans. Cette année, pour la Fashion Week de Londres (qui aura lieu du ​17 au 21 février), il fera défiler une quinzaine de looks masculins, des silhouettes à l'allure pop et acidulée en écho à celles dessinées par Sophie Mechaly chez la femme, qui confie "toujours garder un œil sur les deux lignes".

Bien que les deux offres de prêt-à-porter de Paul & Joe soient ainsi créées en miroir, la partie féminine génère toujours l'essentiel de ses ventes. Si la maison relance l'homme depuis 2021, c'est à la suite d'une "très forte demande d'amis de la marque comme Vincent Dedienne, Julien Sebbag, Marlon Magnée du groupe La Femme, les membres de Feu Chatterton... des hommes qui adorent notre style, notre philosophie et nos coupes ajustées idéales pour enflammer la scène", s'amuse Camille Rousselle, secrétaire générale de la griffe depuis onze ans.

Des offres jumelles et une renaissance

"On produit 30.000 pièces par saison, dont 10.000 pour l’homme, qui prend de plus en plus d’importance", poursuit-elle. Côté matières, "50% des tissus sont sourcés en Italie et le reste dans l'Hexagone, dans des maisons de broderie situées dans le nord de la France et ​du côté de Castres, dans le Sud-Ouest, pour les lainages, par exemple", abonde Sophie Mechaly.

Cette jeune ligne masculine est commercialisée sur le site d'e-commerce de la marque et dans sa boutique installée au 64, rue des Saints-Pères (VIIe arrondissement). Elle est référencée dans le concept-store multimarque Boys Don't Cry à Paris - jouxtant leur vaisseau amiral - et, bientôt, dans la future antenne BDC (de 120 mètres carrés) qui va ouvrir ses portes à Saint-Tropez en avril.

"En plus de notre corner à l'espace homme du Bon Marché, on va y faire un pop-up de la mi-avril à la fin juin, avec une scénographie sur les escalators dans des tons orange et bleutés​", glisse Camille Rousselle. Aujourd'hui, le wholesale représente 60% des ventes de la marque, qui est également distribuée en Belgique, aux Etats-Unis, en Italie, en Canada ou encore au Japon (le maquillage étant intégralement fabriqué dans ce pays).

Sur les pièces de prêt-à-porter, une étiquette Made in France. Paul & Joe fait appel à une vingtaine d'ateliers implantés dans le nord de Paris (du XXe arrondissement à Aubervilliers ou encore Pantin). "Les vestes de costume, les blazers et les manteaux arborent des belles surpiqûres faites à la main. On s'inspire vraiment de la couture pour notre vestiaire et notre tailoring", sourit Sophie Mechaly.

Avant de fonder sa griffe - dont le nom est un clin d'œil à ses fils Paul et Joe - cette diplômée de la Sorbonne et de l'IFM a fait ses armes auprès du couturier Azzedine Alaïa, puis dans la société de ses parents, Le Garage, en tant que styliste chemise. De ces expériences, elle puise son amour pour les motifs qu'elle imprime dans ses collections actuelles depuis son atelier installé depuis vingt-huit ans au 14, rue Commines, dans le quartier du Marais (IIIe arrondissement).

"C'est une société familiale, sans investisseurs et saine depuis le début", clame l'entrepreneure. En 2022, la griffe a réalisé "22 millions de chiffre d'affaires global, avec une progression de 10 à 15%", annonce la marque. Entrent en compte le prêt-à-porter et les licences - très nombreuses - pour les lunettes, le maquillage et le lifestyle (comme les céramiques, la papeterie, les arts de la table). 

Des costumes en velours rose au boutonnage nacré des chemises, une tonalité féminine infuse l'offre masculine de Paul & Joe. Cette ligne puise ainsi son inspiration du côté de sa jumelle et des archives de la maison pour opérer sa renaissance stylistique.