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21 oct. 2019
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Pataugas : quel est le plan d'attaque du nouveau patron Thomas Camille ?

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21 oct. 2019

Fort de ses 70 ans d’existence, le chausseur originaire du Pays basque prépare pour 2020 un nouveau concept de magasin, une gamme écoresponsable et lorgne l'Asie. Mais, sur le fond, c’est bien une reconquête de la clientèle masculine de Pataugas qui est à l’œuvre, après une phase de réflexion sur l’assortiment de l’offre de la marque, comme l’explique à FashionNetwork.com son directeur général, Thomas Camille. L'homme, arrivé en mai dernier à la tête du label racheté en 2017 par Start’Hopps à Vivarte, vise pour l'an prochain une croissance à deux chiffres.


Pataugas


"Dans l’inconscient collectif, on pourrait penser que Pataugas est une marque pour homme", nous explique  le dirigeant rencontré à Lille mi-octobre, à l’occasion de l’événement BigBoss Mode, Beauté et Retail. "C’est pourtant d’abord une marque pour femmes, puisqu'elles génèrent la majorité de nos ventes. Nous sommes en train de tenter de "recapturer" les clients de 35-40 ans et plus, sur lesquels notre taux de notoriété est très élevé, qui ont dans leur inconscient cette marque, et qui peuvent la retrouver aujourd’hui autour de pièces d'actualité. C’est un vrai travail de reconquête à mener."

La marque Pataugas est aujourd’hui distribuée via neuf magasins à l’enseigne, qui afficheraient depuis le début de l’année une croissance de 33 % des ventes selon le dirigeant, ainsi que sept corners en grands magasins. A ceux-ci s’ajoutent quelque 400 magasins multimarques, dont l’activité connaîtrait un niveau stable. Sans oublier un portail en ligne qui pèserait à ce jour 15 % des ventes.

"Nous avons des projets de réouverture de magasins en centre-ville pour le seconde semestre 2020, avec un nouveau concept qui devrait émerger en début d’année", annonce Thomas Camille. Le dirigeant pointe par ailleurs que, côté Internet, l’objectif est d’être "hyper-croissant", en continuant à repenser l’expérience d’utilisation. Au niveau du wholesale, la priorité est de consolider les positions : "Le marché de la chaussure est encore beaucoup tenu par le gros, beaucoup moins fragmenté que dans le textile, avec de nombreux indépendants. C’est vers eux que nous voulons aller", indique-t-il.


Pataugas


Une distribution encore très franco-française, mais qui n’empêche pas Pataugas de vouloir progressivement redéployer son activité en Belgique et en Suisse. Mais également bien plus loin : "On essaie de se tourner vers des pays qui aiment la France, comme le Japon ou la Corée du Sud", explique Thomas Camille, qui précise que, si rien n’est pour l’heure signé, des rapprochements sont à l’œuvre.

Une fabrication européenne



Pataugas entend nourrir sa croissance en s’assurant, via sa notoriété transgénérationnelle, une place de "valeur refuge face aux chausseurs qui vont et viennent", dixit son dirigeant. Positionnée à la limite du marché premium, avec des paires proposées de 110 à 150 euros, la marque a fait évoluer ses modèles. Elle s’est ainsi progressivement constituée une offre de chaussures de marche hybrides, entre ville et nature. Mais aussi une offre de baskets, marché difficile à ignorer dans cet univers de la chaussure.


Thomas Camille, nouveau directeur général de Pataugas - DR


Pataugas a aussi entamé sa mue écoresponsable. Côté bilan carbone, la marque peut d’ores et déjà se vanter de ne pas produire en Asie, ses pièces venant exclusivement d’Espagne et du Portugal. Et l’été prochain verra débarquer dans l’offre une version repensée de la bottine iconique de la marque, offrant cette fois semelle recyclée et en coton bio. "Tout en ayant à l'esprit qu’on ne transforme pas en profondeur un modèle du jour au lendemain, nous avons conscience de l’impératif de rendre à la nature le succès qu’elle nous a apporté, résume Thomas Camille. C’est un aspect de la demande que l’on ne peut plus ignorer."

Quid de la santé du groupe Hopps, maison-mère de Start’Hopps?



Fort d’une cinquantaine de personnes, le label Pataugas appartient au groupe Hopps, à l’instar de la jeune marque de glisse Watts, qui s’offrira dans les prochains jours un portail de vente repensé. Les deux marques composent la division mode Start’Hopps, qui compte par ailleurs la division logistique Log’Hopps (Colis Privé), ainsi que la division distribution et communication de proximité Distri’Hopps, qui détient Dispeo et Adrexo. Le quotidien Le Parisien-Aujourd’hui en France indiquait en septembre que ce dernier, spécialiste des imprimés publicitaires, amènerait le groupe "au bord de la cessation de paiement", ce que dément fermement Thomas Camille.

"C’étaient des informations fausses, affirme le dirigeant. Hopps a levé 30 millions d’euros, et est toujours en recherche de financements, mais comme toute entreprise normale cherchant à se développer. Et les ambitions pour l’année prochaine sont fortes. Deux entreprises sur trois sont rentables, voire très rentables. Adrexo est une entreprise qui emploie 22 000 personnes, donc il y a une inquiétude légitime dès qu’elle connaît une difficulté. Mais c’est au final juste une société qui a besoin de trouver des financements pour continuer à grandir. Donc nous sommes très confiants", conclut Thomas Camille. Avant d’ajouter : "Nous ne sommes ni en redressement judiciaire ni en procédure de sauvegarde".

Sur l'exercice 2018, le groupe basé à Aix-en-Provence a publié un chiffre d'affaires de 18,8 millions d'euros, pour une perte d'exploitation de 3 millions (-4,3 %) et un résultat net de - 2 millions (+29 %), selon les comptes déposés par la société.

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