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19 sept. 2019
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Paris veut faire adopter l'écoconception durant ses Fashion Weeks

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19 sept. 2019

Milan est sous le feu des projecteurs cette semaine. Mais à partir de lundi et jusqu’au 1er octobre, la frénésie de la Fashion Week va s’emparer de Paris. Près de 80 shows sont au calendrier officiel pour présenter les collections printemps-été 2020 et des dizaines d’événements vont prendre place dans les rues de la Ville lumière. La capitale française reste au pinacle de la sphère mode et luxe… et à ce titre concentre certaines critiques. Ses manifestations, sont parfois jugées dispendieuses et interpellent de plus en plus, jusqu’au sein de l’industrie, à l’heure où l’urgence climatique et les défis environnementaux et sociaux se font de plus en plus prégnants pour le secteur. Si la tenue des défilés reste au coeur de l'écosystème, une réduction de leur impact écologique est maintenant sérieusement prise en compte.
 

Vers des shows écoconçus à la Fashion Week de Paris - AFP


Alors que Milan célèbre l’écoresponsabilité des marques avec ses Green Carpet Awards, une sorte d'Oscars de la mode écologique, et que le British Fashion Council a annoncé la création de son Institute of Positive Fashion pour 2020, mais aussi présenté les créateurs émergents qui feront monter la mode durable, la Fédération de la Haute Couture et de la mode avance ses projets. L’organisme coordonne la Fashion Week de Paris et le calendrier. A ce titre, Pascal Morand, son président exécutif a présenté le 18 septembre à la presse une série d'initiatives, comme l’activation d’une commission développement durable au sein de la fédération qui suit et accompagne les innovations pouvant être appliquées au secteur ou encore la rédaction d’un lexique sur la mode et le développement durable, en français et anglais, qui sera dévoilé en novembre afin que l’ensemble du secteur utilise les mêmes termes.  

La fédération va aussi réunir tous les acteurs intervenant durant les Fashion Weeks dans le cadre d'une convention fin 2019 afin de mettre en commun les expertises sur l’écoconception. Des initiatives sont déjà menées dans les grands groupes, mais les acteurs se retrouvent aussi dans l'association Paris Good Fashion afin d’imaginer comment améliorer l’organisation des événements de la Semaine parisienne en termes d’impact écologique.

Avant d’annoncer les projets dans lesquels s’implique la fédération, Pascal Morand a souhaité mettre en relief l’impact de cette quarantaine de jours, avec les quatre Fashion Weeks homme et femme chaque année à Paris en rappelant les chiffres de l’IFM. « Il faut dissocier la chaîne de valeur industrielle et la chaîne de valeur évènementielle. Sur le volet évènementiel, nous sommes de loin la Fashion Week la plus internationale avec 5 000 visiteurs. Mais des événements comme les festivals d’Angoulême ou de Cinéma à Venise attirent beaucoup plus de monde. Ensuite, sur le plan de l'industrie, le secteur du luxe et de la création n’a pas le même impact que celui de la fast-fashion. Si on raisonne en tonnes de produits, l’habillement en France, c’est 30 milliards d’euros soit environ 640 000 tonnes de produits, le luxe 5 milliards d’euros soit, avec des produits en moyenne à 600 euros, 2 000 tonnes. Soit l’équivalent de la production annuelle de déchets d’une ville de 4 000 habitants. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas travailler à être exemplaire. Toutefois, il faut prendre garde à l’argument fonctionnaliste. Le fond associé à la forme, surtout dans les sociétés françaises et italiennes, est au cœur de la culture ».

Dans cette approche, le dirigeant déconstruit l’idée de la fin des Fashion Weeks, remplacées par des shows online qui seraient plus écoresponsables. Et souligne que les effets du développement du streaming ont aussi leurs conséquences environnementales.

Pour l'édition de ce mois-ci, la fédération a sélectionné les partenaires de son centre d’accueil de la Fashion Week selon des critères liés au développement durable. Mais pour 2020, elle annonce éliminer les plastiques à usage unique, mettre en place une aide pour le tri et la valorisation de déchets et faire appel uniquement à des véhicules électriques dans l'objectif d'un "passage à zéro émission carbone" sur ses solutions de mobilité proposées.

Surtout elle explique vouloir mesurer sa performance écologique et annonce la mise sur pied d’une méthodologie et la création d’outils d’accompagnement des acteurs du secteur dans l’écoconception. « Il existe une norme ISO pour l’évènementiel mais il n’y a pas de méthodologie qui croise les données et évalue l’ensemble de la chaîne. On a fait un tour d'horizon très large des événements et des festivals et il n'existe rien de très pertinent. Ce qu’on a vu de mieux c’est un festival de rock breton, glisse Pascal Morand. Nous avançons sur le sujet en prenant en compte tous les enjeux. Il y a un basculement profond de la société sur les questions environnementales. Nous allons travailler avec tous les acteurs en open source sur ces questions ».

Une démarche collaborative qui ne sera pas contraignante, et restera à la discrétion de chaque maison.
 

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