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4 mars 2021
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Paris prône une mode essentielle avec Véronique Leroy, Beautiful People et Gauchere

Publié le
4 mars 2021

L’hiver prochain sera plutôt froid, à en juger par les garde-robes à la fois protectrices et réconfortantes imaginées par les couturiers, jeudi. Leurs collections automne-hiver 2021/22, dévoilées en ce quatrième jour de défilés parisiens virtuels, ont mis en avant, en effet, des pièces de qualité conçues pour durer dans le temps, travaillées dans des matières douces, chaudes et luxueuses, comme l’ont illustré, entre autres, Véronique Leroy, Beautiful People, Gauchere et Auralee.


Taffetas et laine se rencontrent dans la collection - Véronique Leroy

 
Véronique Leroy, une mode authentique longue durée

Après trois ans, la créatrice belge a effectué jeudi son grand retour dans le calendrier parisien des présentations. Sa dernière apparition, en mars 2018, s'était faite sous la forme d'un film (pionnier à l'époque) relatant un week-end dans la campagne anglaise. Elle reprend le fil, cette saison, nous emmenant cette fois dans les paysages bucoliques de la Bourgogne.

Une brise légère gonfle une jupe imprimée boutonnée en toile à gros grain, telle une faille, sur fond de champs et ciel bleu. Une veste en laine lilas épouse le corps sur un pantalon de chasseur. Un manteau en gros canevas de laine mèche se porte avec un pantalon jogging à coulisse. Les vêtements vibrent au soleil, couleurs et tissus se répondant en écho. Les accessoires sont fabriqués dans un cuir artisanal, comme ces foulards et cravates géantes ou encore ces besaces et ceintures cloutées.

La collection propose une série de pièces clés de qualité, aux volumes confortables. Un luxe, qui ne se voit pas, fait pour durer dans le temps, confectionné dans les matières préférées de Véronique Leroy, telles que le shetland, la laine, le crêpe de soie ou encore le jean surteint et vieilli. La créatrice s’amuse à jouer avec les contrastes en introduisant cette saison le taffetas brillant et irisé, qu'elle associe à des matières un peu brutes. Des blousons et vestes réversibles sont ainsi réalisés dans un taffetas matelassé d’un côté et dans un feutre et laine bouillie de l’autre.


La double vie des vêtements du label japonais - Beautiful People


Beautiful People, de haut en bas
 
Avec son label Beautiful People, Hidenori Kumakiri signe une collection délicate et poétique, aux matières douces et fluides, où le haut et le bas de l’habit peuvent s’inverser en lui donnant un double usage. Le créateur japonais poursuit ici le travail amorcé depuis six saisons autour de sa technique "side C", qui lui permet d’utiliser, à travers un jeu sophistiqué de constructions, l’intérieur, l’extérieur et la doublure du vêtement en en multipliant les utilisations à l’infini. Cette saison, il ne s’agit plus de jouer sur la dimension recto/verso ou in et out, mais d’en explorer la verticalité.
 
Dans un film empruntant au cinéma muet, un mannequin observe son double dans un miroir fictif. En apparence, rien à signaler. Mais à y regarder de plus près, on décèle de subtiles différences. Son chapeau cloche se mue en béret de matelot au bord redressé. Les manches d’un blouson kaki oversize se portent hautes d’un côté et tombantes de l’autre, la capuche en guise de traîne. Même jeu avec la chemise blanche classique, qui devient bouffante lorsqu’on la retourne, avec ses manches qui s'élargissent et son col qui en borde le bas.

Le trench se rallonge ou se pare d’un ample col pèlerine, selon la version adoptée. Même idée dans la forme du col d’un caban, qui peut elle aussi changer du tout au tout. Dans un pull jacquard, le célèbre pélican du dessinateur Gustave Verbeek est tantôt droit sur ses pattes, tantôt tête en bas. Un douillet manteau-couverture blanc aux grandes taches noires fait penser au pelage d’une vache. Une fois redressé, on y distingue une mappemonde.

Un manteau doudoune se transforme en robe de gala. Un autre élégant manteau noir en laine feutrée est saupoudré de flocons d’un côté, et couvert de neige de l’autre, tandis que les volants qui bordent une robe fourreau remontent, s’ébouriffant autour du col dans son double.


Le minimalisme de Gauchere - ph Kira Bunse


Gauchere, confort et réconfort
 
Marie-Christine Statz a défilé pour la première fois au calendrier officiel de la Semaine parisienne en mars 2020. Un an après, tout a changé. Si la styliste allemande maintient le cap avec son minimalisme architecturé, on perçoit dans sa nouvelle collection une main plus douce dans les matières et les coupes, mais aussi à travers quelques couleurs éclatantes, qui font irruption dans ce douillet vestiaire hivernal.

Pieds nus dans leurs chaussons-claquettes, vêtues de costumes amples et lâches, les mannequins traversent un Centre Pompidou désert, entre escalators, œuvres d’art, terrasses et longues passerelles vitrées suspendues sur les toits de Paris. Vestes cintrées, pantalons comme dégoulinant -y compris ceux en cuir à pinces-, tailleurs en lainage… Tout semble plus coulant, souple et arrondi.

Un large col roulé turquoise en laine brossée est associé à un pantalon prune, un autre d’un vert brillant à une jupe droite mi-longue noire, tandis qu’une robe-tricot manches nues glisse à même la peau. La maille s’invite aussi dans des tops et pantalons. Un ensemble top jupe portefeuille semble taillé dans la typique feutrine poivre et sel de protection des peintres. L’alpaca et les tissus double face accentuent cet esprit cosy.


Le chic décontracté de la maison japonaise - Auralee



Auralee, un luxe susurré 
 
Chez Auralee, les mannequins se déplacent elles aussi en claquettes, mais avec de grosses chaussettes bien chaudes ! Les affinités avec Gauchère sont nombreuses, entre esprit minimal, palette neutre et looks monochromes. Mais les silhouettes y sont davantage allongées avec une ligne plus délicate.
 
Créée en 2015, la marque du japonais Ryota Iwai, qui a intégré le programme parisien des présentations en mars 2019, creuse son sillon avec assurance. L’accent est mis notamment cette saison sur les matières, texturées et luxueuses.

Les manteaux en baby cachemire s’enfilent sur des maxi robes ondulantes ou caleçons en maille ultra-fine, des ensembles chemise/gilet et pantalon font penser à des pyjamas, des cardigans torsadés se portent sur des sweaters tricotés. Une impression de douceur décontractée se dégage de l’ensemble.
 

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