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29 sept. 2019
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Paris entre mode engagée, genderless et envie d’évasion

Publié le
29 sept. 2019

En cette fin de semaine, les couturiers ont exprimé leurs différentes personnalités sur les podiums parisiens, affichant une démarche engagée comme chez Vivienne Westwood et Rahul Mishra, un style léger et coloré chez Christian Wijnants, ou encore un esprit plus sobre décliné dans une silhouette très masculine chez Haider Ackermann.


Vivienne Westwood, printemps/été 2020 - © PixelFormula


Vivienne Westwood en mode dénonciation

Comme à son habitude, la créatrice britannique et son mari Andreas Kronthaler ont profité de leur défilé pour allumer les projecteurs sur l’urgence écologique et les injustices sociales dans un monde globalisé détraqué, avec une collection qui oscillait entre nobles tenues victoriennes et silhouettes beaucoup plus humbles, comme ces tuniques réalisées par accumulations de bouts de tissus et franges en chiffons. Un mannequin portait même deux robes suspendues à des cintres directement sur sa tête, en référence aux migrants et autres personnes poussées sur la route.

La chemise en coton de grand-mère se porte avec une simple jupe rouge, des t-shirts lâches s’enfilent sur un legging ou des bermudas, un chemisier semble taillé dans un drap. Ici et là s’affiche l’image imprimée d’un tigre de Sumatra en voie d’extinction, tout comme ce poisson en tissu géant en équilibre sur une tête, ou ce chapeau nid d'oiseau, pour nous rappeler les méfaits de la pollution sur la nature.

Les symboles de la mer pour dénoncer les océans transformés en décharge sont partout, dans des bijoux coquillages ou dans ces tricots résille faisant penser aux filets des pêcheurs. Comme l'indique la maison, les vêtements sont réalisés à partir de tissus faits à la main au Mali ou abandonnés par de fabricants italiens.

Des robes en satin ou drapées en taffetas, d’élégantes jupes damier et des parures de perles s’intercalent dans cette parade bariolées, tout comme ces dames en grands chapeaux vaporeux comme des nuages, qui se transforment parfois aussi en ombrelles. Une silhouette humaine découpée dans du latex noir ou orange s’enfile comme un gilet, la tête et les bras ballants retombants autour du corps… Symbole de la fin de l’humanité ?


Rahul Mishra, printemps/été 2020 - © PixelFormula


Rahul Mishra réinvente l'art de la broderie

Dans le même esprit, Rahul Mishra a dévoilé une superbe collection aux accents couture, entièrement réalisée par des artisans indiens. Fidèle à sa démarche éthique et sociale, le designer continue de préserver et mettre en avant les savoir-faire locaux. En particulier la broderie indienne, qu’il utilise cette saison pour créer de nouveaux volumes, avec des applications en 3D comme un extension du tissu.
 
Il mélange deux thèmes opposés, la croissance urbaine des mégapoles et celle de la nature. Des centaines de gratte-ciel esquissés sur des petits bouts d’organza s’ébouriffent sur de candides ensembles blancs ou gonflent, virevoltants, dans de maxi robes dans les tons noir et gris comme des plumes. Ailleurs, du tulle brodé de minuscules fleurs de bougainvillier se superpose à une tunique ou sert à confectionner un corsage, tandis que des fleurs en tissu sont cousues sur les vêtements, suspendues par leur tige, comme des écailles colorées et vivantes.

A travers ses collections, Rahul Mishra a notamment permis à 300 brodeurs des bidonvilles de Mumbai de retourner vivre chez eux dans leurs villages avec leur famille. Une ode à la « slow fashion », comme le rappelle la griffe dans un communiqué, qui insiste plus que jamais sur l’importance « d’ajouter une valeur durable à des vêtements qui racontent une histoire, tout en construisant un modèle socialement soutenable qui responsabilise l’importante communauté artisanale de l'Inde rurale ».


Haider Ackermann, printemps/été 2020 - © PixelFormula


Haider Ackermann, masculin/féminin

Le créateur d’origine colombienne a dévoilé samedi une collection minimaliste et androgyne, presque austère, où femme et homme se confondaient dans une brume laiteuse. Le défilé débute sur un ensemble de looks en veste et pantalons gris, où l’on a dû mal à distinguer l’unique modèle féminin. La suite est sur le même mode avec des tailleurs pantalons ou shorts, où la veste d’homme s’endosse le plus souvent torse nu, tandis que les pantalons à bandes latérales à l'esprit vaguement street sont associés à des débardeurs.

Quelques robes fourreaux noires à pois blancs ou rehaussées dans la partie haute par un jeu de bandes élastiques colorées viennent casser la logique no-gender. Pour le soir, lui et elle s’habillent dans des ensembles en soies jacquard kimono à la doublure noire, réversibles, dont les vestes s’accommodent volontiers d’un short sportif.


Christian Wijnants, printemps/été 2020 - © PixelFormula


Christian Wijnants, exotisme subtil

C’est au rythme de percussions qu’ont défilé vendredi les mannequins chez Christian Wijnants, créant d’emblée une sensation de dépaysement chez le spectateur. Les ensembles pantalons un brin masculin laissent vite place à des robes fluides ou drapées dans des couleurs estivales ou des imprimés africains, qui leur donnent des air de boubous revisités, tandis que d’énormes cabas vert menthe font penser aux vacances.

Rayures, puzzle géométriques, mosaïques digitales imprimées ou à paillettes, mono-blocs de couleurs composent cette garde-robe d’une grande légèreté, où la soie a la part belle, jouant sur les superpositions et les volumes à coups de volants, fronces et drapés. Une collection joyeuse composée notamment de tuniques à manches bouffantes, de jupes fendues, de tailleurs imprimés, de tricots rayés et de robes à bretelles.
 

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