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Lundi noir dans la capitale de la chaussure de luxe

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22 août 2005

LYON, 22 août 2005 (AFP) - La région de Romans-sur-Isère (Drôme), longtemps considérée comme la capitale de la chaussure de luxe, a vécu lundi une journée noire avec l'annonce coup sur coup de la liquidation judiciaire de Stéphane Kélian et du dépôt de bilan de Charles Jourdan.


Photo : Martin Bureau

Dans la matinée, le tribunal de commerce de Romans a prononcé la liquidation judiciaire de Stéphane Kélian Production, filiale de fabrication du chausseur de luxe du même nom, qui emploie 143 salariés sur le site de Bourg-de-Péage (Drôme).

Quelques heures plus tard, la direction du groupe Charles Jourdan annonçait aux syndicats lors d'un comité d'entreprise qu'elle s'apprêtait à déposer le bilan dans la soirée. Dans ce cas, trois sociétés, employant au total 432 personnes, sont concernées.

La région de Romans avait déjà vu fondre les effectifs des fabricants de chaussure, passant de 1.443 personnes en 2000 à 784 en juin 2005.

L'annonce de la liquidation de Stéphane Kélian a provoqué la colère des salariés présents au tribunal de commerce qui ont essayé d'empêcher leur président-directeur général, Daniel Bagault, de reprendre sa voiture pour quitter les lieux avant d'en être dissuadés par les forces de l'ordre.

Du côté de Charles Jourdan, la procédure n'en est pas encore là.

L'entreprise a accumulé 9 millions d'euros de dettes, a indiqué une source syndicale. La direction n'était pas joignable lundi après-midi.

En juin 2004, Charles Jourdan avait déjà supprimé son atelier de maroquinerie de Romans, les sacs à main étant désormais fabriqués à l'étranger.

Si Charles Jourdan venait à disparaître, il ne resterait plus, dans la "capitale" de la chaussure de luxe, que la marque Robert Clergerie, qui maintient dans la région des activités de création, de montage et de commercialisation, a noté le maire de Romans, Henri Bertholet (PS).

"On sait que la chaussure est une industrie qui est structurellement difficile à maintenir en France, mais je suis convaincu que la chaussure de luxe pourrait survivre en France, notamment toutes les opérations qui demandent un grand savoir-faire, comme la conception et la création", a-t-il ajouté.

Girard Kéloglanian, l'un des trois frères fondateurs de Stéphane Kélian, qui a quitté l'entreprise en 1995, s'est dit "très amer", dans un entretien à l'AFP. "C'est difficile de la voir disparaître en 10 ans", a-t-il déclaré.

Il a accusé des "magouilleurs immobiliers" d'avoir vidé son entreprise avant de l'abandonner. "Ils ont récupéré l'immobilier, la marque et maintenant ils se débarrassent des salariés", a-t-il expliqué.

Stéphane Kélian avait été divisé en une dizaine d'entités différentes à la suite de son rachat par la holding du Français Alain Dumenil, qui contrôlait déjà les costumes Smalto ou Scherrer. La marque "Stéphane Kélian", sans doute l'actif ayant le plus de valeur au sein de la filiale de production, a récemment été vendue à un investisseur étranger dont la direction n'a pas révélé le nom.

Chez Charles Jourdan, la fédération Textile Habillement Cuir de la CGT soupçonne également un dépeçage de l'entreprise au profit du fonds d'investissement basé au Luxembourg Lux Diversity SA, propriétaire du groupe depuis septembre 2003.

La CGT a réclamé aux pouvoirs publics et au tribunal de commerce "d'obliger la direction du groupe à rendre des comptes économiques, mais surtout financiers, avant toute démarche vers un redressement judiciaire", et la nomination d'un expert indépendant "avant toute décision néfaste pour les salariés".

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