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Les traditionnelles abayas revues par des créateurs

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28 juin 2009

PARIS, 28 juin 2009 (AFP) - Un cheval monté par une femme rousse, les épaules couvertes d'un châle noir richement brodé surgit dans un salon de palace parisien : c'est le coup d'envoi spectaculaire d'un défilé d'abayas, longues robes noires des femmes arabes, revues et corrigées par les plus grands noms de la mode.


Photo : Pierre Verdy/AFP

Cette tenue traditionnelle portée par des millions de femmes musulmanes sur leurs vêtements couvre tout le corps sauf le visage, les mains et les pieds, dessinant des silhouettes noires aux contours flous qui se ressemblent toutes.

Une uniformisation qui ne plaît guère aux femmes d'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis aussi amatrices de mode que les "fashionistas" occidentales et assez fortunées pour fréquenter les maisons de couture dont elles constituent une bonne partie de la clientèle.

"J'ai constaté que les femmes portaient des vêtements de créateurs mais que dehors, elles devaient les couvrir", explique la directrice générale de Saks Fith Avenue en Arabie saoudite, Dania Tarhini. Cette Libanaise a eu l'idée de demander à une vingtaine de créateurs de mode de créer des abayas pour que les femmes "les portent avec plaisir, pas seulement par obligation".

Elles ont été présentées cette semaine à Paris au Georges V, sur fond de polémique sur le port de la burqa en France.

John Galliano a dessiné le châle de la cavalière, brodé de strass et de paillettes. Les autres abayas sont signées Adam Jones, Carolina Herrera, Jil Sander, Martin Grant, Loris Azzaro, Nina Ricci et autres grands noms de la mode. Brodées de pierres, de paillettes, de cristaux, de fleurs en cuir elles conjuguent tradition, luxe et glamour.

Ces pièces uniques, dont certaines laissent entrevoir la jambe ou sont partiellement transparentes, seront offertes à la famille royale saoudienne.

Mme Tarhini espère pouvoir proposer d'ici septembre dans les magasins Saks d'Arabie saoudite une collection d'abayas signées des mêmes créateurs, pour 1.500 à 1.800 euros pièce.

Créer une abaya, souvent considérée en Occident comme un symbole de l'oppression de la femme, n'allait pas de soi pour les créateurs.

Au début, ils "n'étaient pas enthousiastes", raconte Mme Tarhini qui a travaillé pendant sept ans sur ce projet. "Je leur ai expliqué que l'idée était de lier la mode et la culture, que les femmes qui portaient les robes du soir des créateurs porteraient aussi leurs abayas".

"On avait tous très peur", témoigne la créatrice française Anne-Valérie Hash. "Il fallait à la fois respecter la coutume et trouver un équilibre avec une certaine création". La jeune styliste a conçu une abaya "douce et romantique" avec des volants de dentelle écrue.

Le Portugais Felipe Oliveira Baptista a jugé "intéressant" de donner "un peu de design" à un vêtement "qui a un code précis". Il a imaginé "un jeu de patchworks, avec des noirs de texture différentes et une coupe pour allonger la silhouette".

Martine Sitbon, créatrice française de la griffe Rue du Mail, a aimé "l'idée, hors de tout contexte religieux ou politique, d'ornementer un vêtement de façon agréable pour que ce ne soit pas quelque chose d'imposé mais qu'on ait plaisir à le mettre".

Le Français Bruno Frisoni a dit comprendre les femmes "froissées" par le port de l'abaya. Participer à cette opération "en étant d'un autre monde va peut-être aider à une petite plus grande liberté", a-t-il déclaré.

Moins embarrassé, le styliste français Jean-Claude Jitrois voit l'abaya "en mouvement dans un corps qui bouge et qui, à un moment donné, va se dénuder de toutes façons".

Par Dominique SCHROEDER

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