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24 nov. 2017
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Le groupe Kering ou Artémis pourrait racheter la maison Courrèges

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24 nov. 2017

Le groupe Kering « au sens large », c'est-à-dire la holding de la famille Pinault comprise, serait en négociations pour prendre une participation majoritaire dans la maison Courrèges, célèbre pour son style futuriste. Le bruit de la tenue de négociations est apparu de manière plutôt originale, après que Coqueline Courrèges, veuve du fondateur André Courrèges, a interrompu le PDG du groupe Kering, François-Henri Pinault, lors de sa prise de parole pendant le Vogue Fashion Festival à Paris ce vendredi.  

Courrèges - Printemps-été 2017 - © PixelFormula

 
« Je n’aime pas ce que vous avez fait de Balenciaga (maison dans laquelle elle a débuté avec André Courrèges, ndlr), c’est grossier, et je n’aime pas l’idée de ce que vous pourriez faire de Courrèges ! » a ainsi déclaré dans sa diatribe la veuve du fondateur au cours des questions-réponses entre Xavier Romatet, dirigeant de Condé Nast France, et François-Henri Pinault.
 
Dans sa tenue blanche signature de la maison Courrèges, elle brandit alors une affiche avec le logo de Balenciaga (maison du groupe Kering) d’un côté, et de l’autre, des femmes pour partie dénudées.

« Je suis parfaitement fier de ce que nous faisons chez Balenciaga », a patiemment répondu François-Henri Pinault, avant que la sécurité ne guide calmement Coqueline Courrèges vers la sortie.
 
Le PDG de Kering n’a fait aucun commentaire sur cette affirmation de rachat de la maison Courrèges, mais des sources bien informées insistent sur le fait que Kering ou bien le groupe Artémis, le véhicule d’investissement de la famille Pinault qui détient Kering, s’apprêterait à racheter Courrèges à ses actuels propriétaires, le duo de publicitaires Jacques Bungert et Frédéric Torloting.
 
En 2015 déjà, des informations non confirmées sur une prise de participation de 30 % d’Artémis dans Courrèges avaient circulé. Un porte-parole de Kering a aujourd’hui confirmé que Artémis avait bel et bien réalisé cette opération, mais a renvoyé vers la holding de la famille Pinault pour toute autre question. Celle-ci n’a pas répondu à nos sollicitations. En juin, les Pinault étaient déjà passés par Artémis pour prendre une participation minoritaire chez Giambattista Valli.
 
Les chiffres exacts sont inconnus, mais le chiffre d’affaires annuel de Courrèges est estimé à 20 millions d’euros et la société serait déficitaire. La maison revendique plusieurs centaines de points de vente sur son site, mais on compte parmi eux autant d’opticiens (pour la ligne de lunettes de la griffe) que d’adresses mode. Autre signe de recul des dirigeants : Courrèges a également fermé son atelier historique de Pau cette année, licenciant 18 des 23 personnes y travaillant. Le siège et la boutique historique de la rue François 1er à Paris sont en revanche toujours ouverts, un immeuble de grande valeur qui appartiendrait à la maison.
 
Chez Courrèges, François Le Ménahèze, qui a été nommé président en avril, a affirmé ne pas être au courant de l’ouverture de négociations. « J’ai entendu beaucoup de choses à propos de Madame Courrèges, notamment que c’est une personne spéciale. Je sais qu’elle n’aime pas Monsieur Pinault. Il y a beaucoup de rumeurs oui. Le poste que j’ai pris il y a quelques mois ne consiste pas à vendre Courrèges, mais à maintenir et développer la maison », a-t-il conclu.
 
André Courrèges, ingénieur de formation décédé l'année dernière, a fondé sa maison en 1961, devenant un créateur très influent grâce à ses designs géométriques épurés et à ses formes sculptées. Reconnu par beaucoup comme l'inventeur de la mini-jupe, André Courrèges est considéré comme le designer futuriste le plus important de l'histoire de la mode.

En 2011, le couple vend la maison à Jacques Bungert et Frédéric Torloting. En 2015, ils orchestrent le retour de la maison sur les podiums parisiens, après avoir embauché deux jeunes designers français talentueux, Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant, qui stoppent alors leur propre label Coperni, gagnant de l’ANDAM, pour rejoindre Courrèges. Ce printemps, cependant, les propriétaires ont renvoyé Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant malgré les critiques très favorables. Fait révélateur, la maison n’a pas nommé de remplaçant, plus de quatre mois après le départ du duo.

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