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Le Printemps devra garder son nom et sa "French touch" pour continuer

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20 juin 2006

PARIS, 20 juin 2006 (AFP) - Le rachat du Printemps par le patron d'un grand magasin italien peut être source de synergies, mais le repreneur devra respecter les particularités culturelles françaises et prendrait des risques à changer le nom de l'enseigne car les grands magasins s'exportent mal.


Devanture du Printemps boulevard Haussmann à Paris
Photo : Mehdi Fedouach/AFP

Le groupe PPR négocie la cession de ses 17 grands magasins Le Printemps au président de La Rinascente, Maurizio Borletti, pour un peu moins de 1,1 milliard d'euros, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.

Dans les faits, M. Borletti et sa famille est propriétaire de seulement 4% de la Rinascente. A la tête du Printemps, il devra s'atteler à ne pas rapprocher les concepts des deux enseignes, au risque de troubler la clientèle, culturellement différente.

Les grands magasins européens à avoir implanté avec succès leurs enseignes à l'étranger sont en effet rares. L'espagnol El Corte Ingles vient d'ouvrir un deuxième grand magasin au Portugal cette année, alors que le finlandais Stockmann en compte quelques uns en Russie, Estonie et Lettonie.

De manière générale, les grands magasins ne s'exportent pas: Le Printemps n'a que deux affiliés à l'étranger (Japon et Arabie saoudite), Harrods et Selfridges ne sont présents qu'en Grande-Bretagne, La Rinascente en Italie.

Les Galeries Lafayette ont échoué à New York il y a dix ans et peinent en Allemagne, alors que le suisse Globus a finalement vendu en 2004 Le Globe de Mulhouse en France.

"Les grands magasins ont une stature d'icône dans les centres-villes. Mais ce n'est pas pour cette raison qu'ils deviennent des icônes à 1 000 km de là", explique Daniel Tixier, professeur à l'école de commerce Essec.

Dans les capitales et grandes villes, ces grands magasins engrangent près de 40 % de leurs chiffre d'affaires grâce aux touristes.

"Les grands magasins font partie du folklore local. Les touristes veulent y trouver tout ce qui caractérise la culture locale: la French touch à Paris dans un Printemps ou le charme italien à Rome à La Rinascente", indique Cédric Lecasble, expert du secteur chez Kepler.

Apparus au 19e siècle, les grands magasins se sont pourtant parfaitement bien exportées jusqu'à la deuxième guerre mondiale, ouvrant de nombreuses filiales, bureaux de représentations et comptoirs en Europe, Maghreb et Amérique du Sud.

"A chaque fois, ils s'appuyaient sur un partenaire local qui connaissait bien le marché. C'était leur point fort", rappelle Florence Brachet Champsaur, chercheuse au CNRS.

"Les grands magasins ont un nom, une notoriété à exploiter à l'étranger, mais il faut trouver le format qui convient. Pour le moment, on ne l'a pas trouvé", juge-t-elle.

M. Borletti cherche actuellement à redonner son lustre à La Rinascente en la plaçant "dans le club restreint des grands magasins de luxe européens comme Harrods et le Bon Marché".

"Une perspective de développement pour de grands magasins à l'étranger, c'est le rachat. Une enseigne qui est une icône dans sa ville peut très bien décider de racheter une autre icône dans une autre ville", estime M. Tixier.

"A ce moment là, il y a de nombreux avantages qui peuvent entraîner des économies d'échelle (approvisionnement, centrale d'achat, compétences du personnel)", ajoute-t-il.

Il paraît en tout cas difficile de changer le nom du Printemps, non seulement à cause de sa notoriété mais aussi parce qu'il est gravé dans la façade de l'immeuble parisien, son magasin phare.

Par Bertille OSSEY-WOISARD

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