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Lanvin : après la chute des ventes, le personnel craint des réductions d'effectifs

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Reuters
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15 janv. 2017

Le moral est au plus bas chez Lanvin. Selon les informations obtenues par Reuters, le personnel craint en effet une vague de réduction des effectifs, la plus ancienne Maison de mode française ayant terminé l'année 2016 avec d'importantes pertes. La nouvelle créatrice, Bouchra Jarrar, n'aurait donc pas pour le moment réussi à raviver les ventes.

Lanvin - printemps-été 2017 - Womenswear - Paris - © PixelFormula


Fondée en 1889, Lanvin est la dernière grande griffe française qui ne soit pas encore contrôlée par un grand groupe du secteur du luxe. En 2016, elle devrait avoir généré des pertes légèrement supérieures à 10 millions d'euros – pour la première fois en presque 10 ans -, contre un profit de 6,3 millions l'année précédente.

De nombreuses pièces sont proposées sur son site de vente en ligne avec des réductions de 50 %. Selon les sources de Reuters, qui ont tenu à rester anonymes, les difficultés de la maison sont en partie liées à l'incertitude née de l'arrivée de sa nouvelle créatrice, à une situation de sous-investissement ainsi qu'à la situation actuelle sur le marché du luxe en général.

L'actionnaire de contrôle, la femme d'affaires Shaw-Lan Wang, qui est basée à Taïwan, s'est montré réticente à investir dans la griffe et ce, depuis plusieurs années.

Toujours selon les mêmes sources, Shaw-Lan Wang n'a pas non plus laissé son partenaire, l'investisseur privé Ralph Bartel qui détient les 25 % restants, injecter des fonds dans l'entreprise, ce qui aurait entraîné une dilution de sa propre participation.

« Il est clair que la situation de l'entreprise se détériore rapidement et se situe maintenant dans une impasse », a ainsi déclaré une des sources à Reuters. « Mais parce que Mme Wang refuse simplement de vendre ou de diluer (sa participation), nous ne pouvons rien faire. C'est vraiment très triste pour la marque et son personnel. »

En 2015, Shaw-Lan Wang a surpris le monde de la mode en renvoyant le créateur étoile Alber Elbaz, après un désaccord. Ce dernier tenait les rênes de la maison depuis 14 ans et aurait été contrarié par le refus de Shaw-Lan Wang d'investir, notamment dans des domaines essentiels à la croissance de la griffe, comme les accessoires, ou pour l'ouverture de nouvelles boutiques.

Lanvin n'a pas souhaité faire de commentaires, pas plus qu'un porte-parole de la femme d'affaires taïwanaise.

Les analystes du secteur du luxe pensent que Lanvin – pourvu que les investissements nécessaires soient mis en œuvre – a tout ce qu'il faut pour devenir le Valentino français, qui génère aujourd'hui plus d'un milliard d'euros de ventes et prépare actuellement son entrée en Bourse.

Au lieu de cela, les commandes pour les nouvelles collections de la part des magasins multimarques, qui représentent environ 70 % du chiffre d'affaires de Lanvin, ont chuté de 30 à 40 % au cours du dernier semestre. Globalement, les ventes consolidées ont baissé de plus de 20 % en 2016, à moins de 170 millions d'euros, contre 210 millions en 2015.

A son zénith en 2012, et avant le départ du PDG Thierry Andretta – actuellement PDG du Britannique Mulberry – en raison d'un désaccord stratégique, les ventes atteignaient 235 millions d'euros, avec une marge d'exploitation de 10 à 12 %.

En 2015, Shaw-Lan Wang aurait rejeté plusieurs propositions de rachat de la griffe obtenues par Alber Elbaz, en particulier une offre de reprise à hauteur de 400 millions d'euros par Mayhoola, le groupe qatari qui contrôle déjà Balmain et Valentino.

Alber Elbaz a entamé une action légale contre Lanvin et sa propriétaire au sujet de son renvoi, et concernant la valeur de sa participation. Des dizaines d'employés ont quitté l'entreprise ou ont été renvoyés, et plusieurs cadres clés sont eux aussi en conflit avec leur ancien employeur.

Par ailleurs, Shaw-Lan Wang a aussi vendu de nombreux actifs de Lanvin au cours des dernières années, comme ses activités au Japon, qui ont été cédées à Itochu, et son activité de parfums, qui a été acquise par Interparfums – avec une option de rachat en 2025.

Enfin, Lanvin est aussi en conflit avec Itochu au sujet de la valeur du rachat des activités japonaises.

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