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La crise ne décourage pas les petites maisons de couture

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23 janv. 2009

PARIS, 23 jan 2009 (AFP) - Particulièrement vulnérables face à la crise économique, les petites maisons de couture espèrent passer entre les gouttes en limitant les frais au maximum sans pour autant renoncer à leurs projets créatifs, quitte à repenser le luxe.

"Tout le monde s'interroge sur cette crise, sa durée, ses effets, ses conséquences", souligne Anne Valérie Hash, à la tête d'une équipe d'une vingtaine de personnes. Comme d'autres créateurs, elle ne défilera pas cette saison, par souci d'économie : "à certains moments, comme celui d'une crise, il faut trancher", dit-elle.

La haute couture est en effet une activité chroniquement déficitaire si elle n'est pas appuyée par du prêt-à-porter, des accessoires ou des parfums au sein d'un groupe de luxe.

Tous traquent les dépenses superflues. "Je suis vigilant", dit Stéphane Rolland, qui vient d'être admis dans le petit cercle de la haute couture. La griffe (une quarantaine de salariés, cinq millions d'euros de chiffre d'affaires), renonce à "tout ce qui n'est pas indispensable", comme la rénovation d'un showroom. Economie : 30 000 euros, précise-t-il.

"On essaie de repenser toutes les dépenses satellites", souligne Christophe Josse qui a ouvert sa maison il y un an et demi et emploie une dizaine de personnes. Il s'agit d'éviter les accessoires superflus, de "réfléchir un peu plus quand on décide une broderie", explique-t-il. "Il faut réinventer un peu le travail".

Chez "On aura tout vu", "on échelonne tout", dit Yassen Samouilov, l'un des fondateurs de cette griffe née en 1995. "Sans trésorerie, c'est le seul moyen". La maison n'a pas encore payé le défilé précédent et, pour cette saison, a multiplié les partenaires et choisi une petite salle pour minimiser les coûts.

Personne cependant n'envisage de réduire le nombre de salariés, déjà très limité.

Franck Sorbier veut "se recentrer sur l'essentiel". La maison "redécouvre toutes les merveilles" qu'elle a dans ses placards, dit-il. "Tout est économie, le moindre fil, le moindre tissu", souligne Isabelle Tartière, sa directrice.

Plusieurs maisons soulignent avoir déjà connu des situations plus difficiles. "La crise, je l'ai connue il y a cinq-six ans", dit Jean-Paul Knott. Pour Adeline André, "crise ou pas crise, c'est exactement pareil. Pour moi, ça a toujours été la crise, ça ne change pas grand-chose", dit-elle.

Quelles que soient les difficultés, pas question de faire le dos rond. "C'est dans ces moments de changement qu'il faut être le plus actif possible", affirme Stéphane Rolland. L'ancien styliste de Jean-Louis Scherrer s'apprête ainsi à lancer une ligne de sacs très haut de gamme, avec des peaux et des pierres précieuses.

Christophe Josse, de son côté, a l'intention de proposer dans l'année une ligne de prêt-à-porter.

Pour beaucoup, la crise n'aura pas forcément un impact négatif. Elle "nous force à penser", dit Anne Valérie Hash. Il va falloir "repenser le luxe. L'artisanat va revenir en force. (...) C'est une période difficile mais la fragilité nous permet de sortir le meilleur de nous".

Pour Christophe Josse, la crise suppose de fournir "un effort un peu plus important dans le travail de créativité ou d'approche du vêtement. Cela rend la chose un peu plus excitante, c'est un challenge".

"Je n'ai pas peur, renchérit le styliste brésilien Gustavo Lins, parce que je sais qu'on peut sortir renforcé d'une période de crise".

Par Dominique SCHROEDER

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