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4 déc. 2019
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La Camera della Moda présente son manifeste pour la diversité et l’inclusion

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4 déc. 2019

Après les dossiers sur le développement durable et l’impact environnemental, la Chambre de la mode italienne (CNMI) s’attaque au facteur humain, en promouvant une mode responsable aussi du point de vue social. La principale instance du Made in Italy a ainsi organisé ce mardi à Milan le colloque « Including Diversity », au cours duquel elle a présenté un manifeste en faveur de la diversité et de l’inclusion dans le secteur de la mode.
 

Le colloque "Including Diversity" mardi à Milan - ph Dominique Muret


Comme l’a rappelé le président de la Camera della Moda, Carlo Capasa, en ouverture de la conférence, ce parcours a commencé en 2017, lorsque l'institution a demandé aux principales maisons italiennes de participer à une table de travail intitulée HR & Education, afin de connaître et partager expériences et tendances au sein des ressources humaines et trouver des solutions. En cherchant de répondre à deux questions notamment : Comment une marque peut-elle communiquer sa propre diversité en termes de marketing, de partenariat et d’implication des personnes ? Comment faire de l’inclusion une priorité ?
 
Aeffe, Bottega Veneta, Emilio Pucci, Ermenegildo Zegna, Etro, Fendi, Versace, Giorgio Armani, Gucci, Loro Piana, Max Mara, Missoni, OTB, Prada, Roberto Cavalli, Salvatore Ferragamo et Valentino, entre autres. Les principaux acteurs italiens du luxe ont participé aux discussions, qui ont abouti à ce manifeste en dix points rédigé avec la contribution de Kimberly Jenkins, professeure de mode à la Parsons School of Design.

Ce texte souhaite indiquer la voie à suivre « pour transformer les politiques des entreprises afin de les rendre inclusives, en partant des concepts d’ethnie, de genre, d’orientation sexuelle et religieuse, d’âge, de capacités mentales et physiques, sans oublier les conditions socio-économiques ». Le manifeste met en avant en particulier la diversité multiculturelle comme un atout pour l’entreprise, tout comme l’inclusion crée des opportunités de business.

La mode écoute, la mode crée le changement, la mode n’a pas peur, le talent ne connaît pas de préjugés… Tels sont quelques-uns des principes énoncés, dont le dixième point : « Pas juste des mots », rappelle l’importance d’agir concrètement en intégrant diversité et inclusivité dans la structure globale du business.

Le colloque a été l’occasion aussi pour le groupe de luxe Kering de dévoiler une étude qu’il a réalisé sur la place des femmes dans sa chaîne de production en Italie, en collaboration avec Valore D et la Camera della Moda, au sein des filières de Bottega Veneta, Gucci, Kering Eyewear et Pomellato. L’enquête a été menée par BSR et Wise Growth, entre février et septembre 2019 auprès de 189 fournisseurs de Kering sur tout le territoire italien. A noter que les 880 employés, dont 70 % de femmes, d’un groupe restreint de dix fournisseurs, ont participé aussi à cette recherche.
 

Les femmes restent les plus pénalisées dans la filière du luxe - bsr.org


L’objectif était de dresser un tableau sur le statut des ouvrières du secteur du luxe en Italie et d’identifier les domaines possibles d’intervention, afin de remédier aux lacunes et aux préoccupations exprimées par ces femmes.
 
Cette étude confirme que, comme dans de nombreux autres secteurs, les femmes actives dans la filière de production italienne du luxe sont plus touchées que les hommes par de mauvaises conditions de travail. Bien qu’elles soient majoritaires (63 %) et généralement plus éduquées que les hommes, elles occupent principalement des postes subalternes et/ou administratifs, tandis que la grande majorité (75 %) des postes de direction sont occupés par des hommes.
 

La maternité vue comme « un fardeau »



Cette ségrégation verticale se traduit aussi par des salaires inférieurs à ceux des hommes (y compris à même niveau de travail) et par la perception de possibilités limitées en termes d'avancement professionnel. D’où un manque de confiance et une stigmatisation des femmes en position de leadership. Autre limite très pénalisante, la maternité qui est vue comme « un fardeau », un réel obstacle pour obtenir un travail, le garder et pour progresser professionnellement. Enfin, l’étude aborde la question de la violence et du harcèlement sur le lieu de travail.
 
 Comme le souligne Rossella Ravagli, chef de la responsabilité sociale et durable chez Gucci, « il y a encore à ce sujet une prise de conscience limitée et une absence d’outils pour lutter contre ce phénomène. Nous nous efforçons de sensibiliser l’ensemble de l’entreprise, mais il faut que ces éléments soient diffusés à travers toute la filière où les stéréotypes contre les femmes sont encore très présents ».

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