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9 févr. 2011
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La Tunisie rassure ses clients à Zoom by Fatex

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9 févr. 2011

En Tunisie, l’industrie du textile et de l’habillement ressort encore plus forte de la révolution. C’est en tout cas le sentiment que s’est attachée à transmettre la délégation tunisienne présente sur le salon Zoom by Fatex, à Paris, le mercredi 9 février. En guise d’introduction, Jean-François Limantour, président du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants du textile-habillement a rappelé que le secteur représente 2.100 entreprises en Tunisie, que le commerce français représente le premier client et le deuxième fournisseur du pays et compte 400 entreprises, mixtes ou possédées à 100%, implantées sur son territoire. Presque un mois après le 14 janvier, jour du départ du président Ben Ali, le ton est aux projets d’avenir.

Zoom by Fatex
Mohammed Ghannouchi, premier ministre tunisien. AFP/FETHI BELAID
"Il y a eu de petites difficultés les premiers jours, déclare Abdellatif Hamam, PDG du Centre de promotion des exportations tunisien, mais tous les services dont ont besoin les entreprises comme les banques, les ports et les douanes fonctionnent très bien". Un constat partagé par les industriels français. "Nous avons connu plus de difficultés avec la grève dans le port de Marseille que suite à la révolution tunisienne", glisse Lucien Deveaux, président de l'Union des Industries Textiles et patron du groupe Deveaux.

Et c’est bien l’un des éléments impressionnants de cette révolution. L’activité économique n’a été perturbée que quelques jours. "Le départ du président Ben Ali s’est déroulé le vendredi. Le samedi tout était bloqué, explique Khaled Mzid, gérant de C&NFashion, qui travaille avec de grandes marques européennes. Mais dès le dimanche des ouvriers qui habitent à proximité des sites de production sont venus protéger les ateliers. Et le lundi, 15% des effectifs pouvaient revenir. Tout est revenu à la normale le jeudi, les équipes travaillaient juste une heure de moins à cause du couvre-feu. Aujourd’hui tout fonctionne". En moins d’une semaine, l’activité a repris et pour la majorité des acteurs le retard de livraisons dépasse rarement 14 jours.

Pourtant d’autres défis attendent l’industrie textile et habillement. Une hausse des salaires et des conditions de travail sont plébiscitées dans le pays. "Il y aura un impact social, reconnaît Ali Nakaj, secrétaire général de la fédération nationale du textile. Avant, les décisions venaient du pouvoir politique, maintenant il va y avoir concertation. Mais tout le monde est conscient de l’enjeu que ce soit les ouvriers, les cadres ou les chef d’entreprises". "Nous sommes ravis de la qualité des échanges qui ont attrait aux conditions de travail, à la couverture sociale, au recours à l’intérim et aux salaires, souligne Nafâa Ennaifer, directeur général de TFCE. L’augmentation était de 3 - 4% annuels. Cette année, la hausse sera clairement plus forte. Mais dans un contexte de compétitivité internationale on ne peut pas les faire évoluer de manière trop drastique. Cette augmentation ne fera pas exploser nos coûts".

Un facteur sur lequel les partenaires internationaux semblent particulièrement attentifs. "Cette augmentation sera amortie par des gains de productivité, prédit Jean-François Limantour. Tout grand dérapage en termes de coût se traduirait en termes commerciaux puis en termes sociaux".
Zoom by Fatex
Manifestants à Tunis. AFP

Avec le départ des familles Ben Ali et Trabelsi, le potentiel du pays ne demande qu’à être développé. En 2010, le pays réalisait 4% de croissance. Certains acteurs évoquent qu’avec une meilleure transparence et une suppression de la corruption, celle-ci pourrait bondir de deux ou trois points. "En termes d’investissements, les processus sont redevenus normaux, estime Laurent Hanout, cogérant de la société Nearsourcing24. Je pense même que les banques et les capitaux risqueurs sont à la recherche de beaux projets car ils n’auront plus de pression par rapport à des dossiers imposés". Le développement des certifications sociales et environnementales devraient aussi ouvrir de nouvelles perspectives aux entreprises positionnées sur le haut de gamme.

Le pays possède donc un potentiel énorme. Pour autant, il doit réussir à convaincre les investisseurs et donneurs d’ordres étrangers alors que certains chiffres affichent une baisse de 15% des exportations en janvier par rapport à 2010 et une fragilisation de 30.000 emplois. "Les élections vont avoir lieu dans les six mois, précise Khalil Talbi, consultant pour un sous-traitant d’un fournisseur d’acteurs du Sentier. Tout dépendra des résultats, mais je pense que l’économie va vraiment décoller. Mais d’ici là, les acteurs disent "wait and see" et certains sous-traitants connaissent une baisse de commandes. Même si les partenaires soutiennent ce qui se passe, ils ne veulent prendre aucun risque. Ils ne doivent pas se laisser influencer par la vision chaotique livrée par certains médias et maintenir leurs commandes. Le potentiel est fabuleux".

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