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25 févr. 2021
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L’hiver prochain sera mutant chez Prada, rétro chez Moschino

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25 févr. 2021

Au sortir d’un 2020 dévastateur et d’un début d’année guère prometteur, à quoi ressemblera l’hiver prochain ? Les couturiers milanais ont livré, jeudi, deux visions radicalement opposées, se projetant, pour certains, vers un futur en devenir incertain, se retournant, pour d’autres, vers l’insouciance et la gaité d’un passé idyllique. Prada et Moschino synthétisent idéalement ces deux approches.
 

L'hiver multistrate de Miuccia Prada et Raf Simons - Prada


Reprenant le discours amorcé avec sa collection masculine présentée en janvier, la première a dévoilé une garde-robe mutante pour un femme qui se cherche. Les contrastes sont volontairement accentués, entre volumes et adhérences, masculin et féminin, un style simple, presque brut, et une certaine sophistication.
 
Cette femme, imaginée par Miuccia Prada et Raf Simons, semble provenir du grand nord, emmitouflée dans d’épaisses fourrures, des manteaux précieux ou plus classiques à gros boutons et larges cols tricotés, des blousons lâches oversized, mais aussi de larges vestes et étoles fourrées décorées de paillettes et doublées de soies imprimées. Robes et jupes sont plutôt austères et descendent sous le genou. Font leur apparition aussi des robes très longues, plutôt rares chez Prada, façon tuniques.

La femme Prada réinvente son look au jour le jour par un jeu de superpositions et adopte, comme son alter-égo masculin, le caleçon-combinaison en maille de grand-père "Long Johns", aux jacquards à multiples motifs géométriques rappelant les imprimés de la maison. Elle le porte comme une seconde peau, tout seul ou sous d’autres vêtements (robes, tailleurs, costumes). Le corps est ainsi pratiquement recouvert dans son entier. Le caleçon allant jusqu'à envelopper pieds et bottines à semelle épaisse.
 
Chez Moschino, Jeremy Scott continue à puiser son inspiration dans l’époque faste de la haute couture, où la parure était au centre de l’attention. Après avoir proposé pour l’été 2021 des tenues glamour et précieuses sorties tout droit des années 1950, il s’attaque pour l’automne-hiver 2021-22 à l’âge d’or d’Hollywood, en partant du film “The Women” réalisé par George Cukor en 1939.
 

Plongeon dans l'âge d'or d'Hollywood avec Jeremy Scott - Moschino


Réunies dans un salon, un groupe de femmes du beau monde assiste au défilé qui, comme au théâtre, enchaîne une série de scénettes dans différents décors en carton-pâte. On y croise la femme d’affaires en tailleur et costume-short de banquier, la chemise à rayures et la cravate Regimental, affublée d’un micro bibi. Le week-end, elle va s’égayer à la campagne avec robes et ensembles rétro taillés dans des sacs de jute (pour pommes de terre et autres produits agricoles) ou dans une toile-paysage bucolique de prés verts, où paissent des vaches -animal fétiche du fondateur Franco Moschino- sous un ciel bleu ponctué de nuages.
 
Au musée, ces dames revêtent des tailleurs moulants aux épaules sculpturales, cintrés à la taille pour mieux mettre en valeur leurs formes, avec de grands chapeaux glamour. Le show se termine par une escapade dans la jungle, où le créateur décline avec son habituel humour mordant toute l’imagerie exotique de l’époque. La saharienne safari se transforme en body sexy à lacets, tailleur ou shorts et mini-top à porter avec d’infinies cuissardes camel et des chapeaux à voilette-moustiquaire.
 
Le manteau zébré rivalise avec les robes-bustier girafe ou guépard (dotée de sa queue tachetée et de la cagoule à oreilles qui va avec) ou encore avec ce tailleur en python doré se terminant par une traîne en forme de queue de crocodile ! A la fin du spectacle, les invitées prennent une coupe en exhibant leurs tenues de gala sublimes et excentriques, telle cette robe rose porte-monnaie, dont la anse-chaîne joue les bretelles sur une épaule, ou cette robe-fourreau à traîne en satin rouge parsemée de gros cœurs noirs, portée par Dita Von Teese, qui s’ouvre derrière comme un hublot sur ses fesses roses…
 
Aussi éloignées l’une de l’autre, ces deux collections sont unies par un fil rouge. Tout d’abord, la présence en filigrane de la bourgeoise milanaise, que l’on retrouve dans les tailleurs à col de velours chez Moschino ou dans l’allure de certains mannequins chez Prada avec leur manteau chic et leurs gants de cuir glamour. Et puis dans les chaussures, dotées, de part et d’autres, d’épaisses semelles compensées. Elles font immédiatement penser aux souliers des années 1940 et à la Seconde guerre et après-guerre. Une référence aux temps présents ?
 

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