ITS inaugure l’ITS Arcademy, un musée dédié à la mode contemporaine, et lance son concours

Auteur :

Dominique Muret

Publié le
2 juin 2023

La mode contemporaine tient enfin son musée: l'ITS Arcademy Museum of Art in Fashion, qui vient d’être inauguré à Trieste. Ce centre, dédié à la créativité, est le nouveau projet voulu par Barbara Franchin, fondatrice en 2002 du concours pour jeunes stylistes "International Talent Support (ITS)", pour accueillir les archives et la communauté qui s’est constituée autour de la manifestation en vingt ans. Pour l’occasion, a été dévoilée une exposition réalisée par l'historien français de la mode Olivier Saillard sur "l’évolution de vingt ans de mode contemporaine", tandis qu’a été lancée la prochaine édition du concours.
 

Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 10 septembre. Les finalistes seront annoncés en novembre, tandis que la finale se tiendra en mars 2024, à l’occasion de l’inauguration de la deuxième exposition hébergée à l’ITS Arcademy. Dans le cadre de ce format, qui change de dates et de délais, les finalistes bénéficieront pour la première fois d’une résidence créative au sein de la nouvelle structure et leurs créations feront partie de la collection permanente du musée, indiquent les organisateurs dans un communiqué.
 
Cette collection s’est constituée au fil des ans, à travers les inventifs portfolios envoyés par les stylistes en herbe du monde entier pour participer au concours ITS, ainsi que par les modèles qu’ils ont réalisés pour l'occasion, les organisateurs conservant une silhouette de chaque collection finaliste. "Barbara Franchin a eu raison d’insister pour garder un look. Ces pièces d’une toute première collection d’habitude disparaissent. En général, on les donne, on les oublie", observe Olivier Saillard, qui a pu puiser, pour cette première exposition, dans ce trésor inestimable riche de 14.758 portfolios, 1.089 vêtements, 163 accessoires, 118 bijoux et 700 projets photographiques.

Parmi les designers, dont une pièce est conservée dans ce musée, beaucoup se sont fait un nom dans le monde de la mode, comme Matthieu Blazy, finaliste en 2006, aujourd’hui à la tête du style chez Bottega Veneta, le directeur créatif de Courrèges, Nicolas Di Felice, de la promotion 2007, Alithia Spuri-Zampetti, finaliste en 2008, ex-directrice artistique de Paule Ka, aujourd’hui cheffe associée du design chez Alexander McQueen, Richard Quinn, finaliste de l’édition 2015, qui défile à Londres, ou encore Demna, comme il se fait appeler depuis qu’il est directeur artistique de Balenciaga, lauréat du concours en 2004.
 

"Les portfolios sont impressionnants. Ce sont des albums d’idées, de fantaisies. Ce qui est beau aussi c’est leur dimension de livres. Certains touchent à l’œuvre d’art. On voit au plus près leur rêve du moment, avant qu’ils ne soient déformés par la mode et l’industrie. Ce sont vingt ans de mode contemporaine pour prendre une leçon de mode à rêver. C’est un laboratoire pour la mode assez exceptionnel pour le futur. Il y a un vrai patrimoine. C’est unique au monde!", poursuit l’historien, qui a construit son exposition autour de différents thèmes, du néo-futurisme aux abstractions lyriques, en choisissant des modèles "oscillant entre art et mode, des coiffes incroyables et des accessoires fous".

Ledit musée bénéficie de financements régionaux. Il est installé dans un palais historique au centre de Trieste, mis à disposition par la Fondazione CRTrieste (la fondation de la Caisse d’épargne de la ville), l’un des sponsors historiques du concours. Le bâtiment, où travaillent une trentaine de personnes, accueille, au-delà du musée et des archives, le nouveau siège d'ITS, ainsi que les activités créatives d’Arcademy. L’idée, en effet, est de proposer à tous les publics des ateliers créatifs. "Un peu comme le Fashion Institute of Technology de New York, qui réunit musée et école, mais dans une version plus petite", souligne Olivier Saillard. 
 
"ITS Arcademy ne doit pas être un lieu pour les élites, mais un lieu ouvert à tous. Nous avons développé, avec l’aide d’ex-finalistes de notre concours, une trentaine de protocoles éducatifs, des cours allant d’une heure et demi à six mois, pensés pour les enfants et les étudiants", explique Barbara Franchin, qui planche déjà sur un nouveau projet. "La prochaine folie est celle de créer un festival de la créativité, un moment de partage avec tout le monde, qui se tiendrait l’été, avec notre concours en parallèle", nous confie-t-elle.