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Isabelle Ginestet-Naudin (Bpifrance) : "L’accompagnement est essentiel comme accélérateur de croissance et de performance"

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30 sept. 2015

Avec le début de la Fashion Week parisienne, les équipes de Bpifrance vont courir les défilés. Logique, avec son fonds d'investissement Mode et Finance, le bras armé de l'Etat en matière de financement des entreprises est devenu un acteur fort du développement des entreprises de mode. Elle prend des participations minoritaires dans des entreprises françaises rentables et réalisant plus de 500 000 euros de chiffre d'affaires, comme ces dernières semaines avec Lemaire et Roseanna. Isabelle Ginestet-Naudin, directrice des fonds sectoriels et Delphine Le Mintier-Jonglez, directrice d'investissements de Mode et Finance, détaillent le processus de sélection et leur approche orientée sur l'accompagnement de ces entreprises.

Delphine Le Mintier-Jonglez, directrice d'investissements de Mode et Finance, et Isabelle Ginestet-Naudin, directrice des fonds sectoriels - Fashionmag


Fashionmag : Vous avez récemment annoncé les prises de participations dans les marques Roseanna et Lemaire. Qu’est-ce que cela représente en termes de relation entre la marque et Bpifrance ?


Isabelle Ginestet-Naudin : Le plus souvent, nous suivons ces marques depuis longtemps. Avec Christophe Lemaire, nous sommes en contact depuis 4-5 ans. Nous le suivions depuis qu’il a relancé sa marque. Son parcours est important. Il s’est lancé dans les années 1990. Puis il a travaillé pour Lacoste et est devenu le DA d’Hermès. Il a suivi une courbe d’apprentissage qui a renforcé sa capacité à lancer sa propre marque. Il possédait une base créative. Mais BPI est un investisseur agréé par l’AMF. Nous devons agir en investisseur avisé. Pour investir dans une entreprise il nous faut un binôme constitué du créatif et d’un directeur général. Lorsque la marque a été rebaptisé Lemaire, c’était un symbole fort de son évolution.

FM : Quelle est la part du produit, de la création, de l’identité de la marque dans votre choix par rapport aux tableaux de résultats ?

Delphine Le Mintier-Jonglez: Elle est primordiale. Aujourd’hui il y a de plus en plus de marques qui émergent. Ce que nous cherchons c’est un répertoire créatif distinct, quelque chose de différenciant qui permette d’apporter de la nouveauté au marché.  Pour nous cette identité se traduit également dans les chiffres. C’est ce qui va faire que la marque va être commercialisée. Nous allons pouvoir également analyser la qualité de la distribution. Cet ensemble va nous permettre de juger l’offre.

FM : Avez-vous un cadre rigide ou la définition des objectifs est-elle adaptée à chaque marque ?

IGN : Bien sûr, il y a des dénominateurs communs, mais vous ne pouvez pas regarder une marque comme Lemaire comme vous allez regarder une marque comme Ami. Et vous n’allez pas avoir le même regard sur Bouchra Jarrar et Roseanna. Ce ne sont pas les mêmes courbes d’émergence, pas le même travail et ni le même positionnement. Vous ne retrouvez donc pas les mêmes contraintes ou facultés de distribution, ni le même accès au retail. Quel que soit le domaine, chaque investissement est unique.

FM : Voyez-vous beaucoup de dossier correspondant à vos critères ?

IGN : Ce sont toujours des paris et les pépites sont évidemment rares. Mais il y a des marques qui se démarquent. Nous sommes présents dans les salons et les rencontres avec un regard de financier mais aussi d’expert de la mode. Nous sommes attentifs à tout ce qui émerge dans la mode mais aussi dans l’ensemble des industries créatives. Cette veille est absolument primordiale. Aucun des derniers dossiers n’est passé par un intermédiaire. Il y a la nécessité d’aller à la rencontre des créateurs et de les suivre.

FM : Justement, la Fashion Week parisienne débute. Est-ce un moment important pour vous ?

IGN : Bien sûr. Nous allons voir les défilés et visitons les showrooms. Et nous seront présents aux Designers Appartment. Il y a évidemment cette notion de veille, mais c’est aussi une période de rencontres importantes avec des partenaires potentiels pour les marques de notre portefeuille. Comme dans toute aventure, cela repose sur la qualité des individus.
 
FM : Sur l’accompagnement concrètement comment se passe-t-il ?

IGN : C’est en fait un travail de tous les instants car ce sont de petites sociétés. Nous faisons intervenir des professionnels et des experts. L’accompagnement est essentiel et c’est un axe fort de Bpifrance comme accélérateur de croissance et de performance. Il est par exemple crucial que ces entreprises puissent avoir une position de trésorerie d’une fiabilité totale et en temps réel. L’autre axe fort de Bpifrance c’est l’accompagnement à l’international. C’est capital, notamment pour les marques les plus créatives qui font plus de 50 % à l’export.

L'ensemble de l'interview d'Isabelle Ginestet-Naudin, directrice des fonds sectoriels et de Delphine Le Mintier-Jonglez, était dans la newsletter FashionMag Premium du mercredi 30 septembre.

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