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Paul Kaplan
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7 juil. 2022
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Haute Couture parisienne : Maison Margiela, Elie Saab, Viktor & Rolf

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Paul Kaplan
Publié le
7 juil. 2022

Mercredi, trois couturiers uniques nous ont fait sillonner Paris en tous sens pour nous présenter leurs visions contemporaines du glamour, pour le plus grand plaisir des journalistes et des personnalités invitées.

Maison Margiela : À l'assaut du Far West


 
Les films Johnny Guitare et Natural Born Killers se télescopaient au cours du voyage cinématographique euphorique orchestré par Maison Margiela, présenté au Théâtre national de Chaillot, mêlant bandes de hors-la-loi, extraits de roadmovies et chansons interprétées en playback.
 
Compte tenu du passé de John Galliano, le directeur créatif de la maison parisienne, qui a notamment fait ses armes en habillant des actrices de comédies musicales à Londres, on s'étonne qu'il n'ait pas plus tôt exploré l'aspect théâtral de la mode.


Maison Margiela

 
La présentation multimédia mettait en scène un couple meurtri et meurtrier, à l'accent rugueux des Montagnes Rocheuses, parcourant les régions désertiques des Four Corners (point de rencontre entre les Etats Arizona, Colorado, Nouveau-Mexique et Utah), avec trois écrans géants en toile de fond. Difficile de savoir dans quel but, tout comme il était souvent ardu de comprendre les vêtements eux-mêmes.
 
Des cavaliers au long cours en imperméables déchiquetés, des fracs de croque-mort en mousseline de soie et des manteaux de bandit de grand chemin maculés pour les cow-boys. Des robes de bal bouffantes, des robes courtes en maille vert tilleul et des redingotes en faille pour les cow-girls.

Imaginez Lily McMenamy en mère désapprobatrice — difficile, non ? Soudain, lors du finale, neuf magnifiques manteaux évasés, portés par une série de mannequins aguerris — Amber Valletta et Karlie Kloss — nous ont rappelé le talent incomparable de John Galliano. 
 
Tout au long des 40 minutes du show, des caméramans en blouse marron se pressaient pour filmer l'événement, empêchant de bien voir les vêtements. Pas si grave : cette collection était loin d'être la meilleure du designer britannique.
 
Dans la mode, il vaut mieux éviter de regarder en arrière. mais quand la nouvelle collection d'un grand couturier — titre indubitablement mérité par John Galliano — ressemble à la version fissurée d'elle même, il faut commencer à se poser des questions.
 
Malgré tout, un tonnerre d'applaudissements a salué la fin de ce défilé en demi-teinte, écho lointain des espoirs qu'on place sur le talent de John Galliano. 
 

Elie Saab : Envolées magiques à l'heure bleue


 
Le défilé d'Elie Saab s'ouvrait sur plusieurs silhouettes fantastiques — des robes et des manteaux mémorables en plumes —, au début d'un show qui comprenait également les premiers looks masculins du couturier.
 
Monsieur Elie Saab aime le glamour ostentatoire. La halle en fer forgé du Carreau du Temple, construite à la fin du XIXe siècle, brillait de mille feux : des costumes en brocart, des smokings magnifiquement coupés et des capes en plumes qui descendaient jusqu'au sol.


Elie Saab


Ces mêmes plumes de coq et de marabout — rouge vif et vert trèfle — apparaissaient également sur les looks féminins. Puis le couturier libanais est passé à la vitesse supérieure avec ses robes à sequins étincelantes, idéales pour une mariée qui rêve du grand jour.
 
"Je me suis inspiré de ces moments entre le crépuscule et la tombée de la nuit", a déclaré Elie Saab, après avoir été copieusement applaudi à la fin de son défilé.
 
La collection était mise en valeur par un maquillage superbe, tout particulièrement cette peinture du visage qui ressemblait à de l'or en fusion. Un moment de charme comme seule la couture peut en offrir, à l'avant-veille de la clôture de cette saison. Elie Saab restera toujours un maître des robes du soir, assisté par l'atelier de premier ordre qu'il a constitué dans son Liban natal. Mais avec ce défilé, il a fait ses preuves en tant que maître tailleur pour une clientèle masculine.
 

Viktor & Rolf : mode polymorphe


 
Les rois de la mode conceptuelle Viktor & Rolf étaient de retour à Paris, et en bonne forme, avec une collection dont chaque look était hautement métamorphosable.


Viktor & Rolf


La collection s'ouvrait sur d'énormes proportions — des cols d'un mètre de large, des revers qui s'envolent et des épaules incroyablement larges. Des smokings, des queues de pie, des fracs, des costumes de cadre de Wall Street à rayures craie, des manteaux d'espion en cuir à triple col ultra-montant et des chemises à rayures larges qu'on croise souvent dans la City de Londres.
 
Tout ondule très légèrement, les cols se balancent de haut en bas, à bonne distance du visage. Les mannequins ont la chevelure montée en chignon, les lèvres rouges et portent des lunettes de soleil aviateur.
 
Puis Viktor Horsting et Rolf Snoeren sont montés sur le podium, avant d'entreprendre de déshabiller un mannequin. Ils ont retiré les baleines du dos et resserré des sangles intérieures, pour réinventer le look et lui donner un chic froissé et chiffonné.
 
Conceptuel, intelligent, génial, cérébral et artisanal, il est bon de voir ces designers quinquagénaires revenir à leur meilleur niveau.

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