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Gilets jaunes : le gouvernement détaille ses mesures après une décrue de la mobilisation

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17 déc. 2018

Édouard Philippe a précisé dimanche les modalités des mesures en faveur des « gilets jaunes », au lendemain d'une forte baisse de leur mobilisation qui fait espérer au gouvernement une sortie de crise après un mois de chaos.


Edouard Philippe au Havre, le 11 mai 2017 - Charly Triballeau


Dans un entretien au quotidien Les Echos à paraître lundi et mis en ligne dimanche soir, le Premier ministre indique que le gain de 100 euros net pour les salariés proches du Smic, mesure phare annoncée par Emmanuel Macron, passera « par une hausse massive de la prime d'activité » qui sera versée « dès le 5 février pour compléter le salaire de janvier ».

Cette hausse ne concernera donc pas tous les salariés au Smic car la prime d'activité tient compte de l'ensemble des revenus du ménage, mais « nous allons élargir le nombre de foyers éligibles, qui passera de 3,8 millions à 5 millions », a précisé le Premier ministre.

« Nous avons préféré cette solution à une baisse des cotisations salariales, qui était plus injuste et qui, à ce titre, a déjà été censurée par le conseil constitutionnel », a-t-il ajouté.

Au total les mesures annoncées par Emmanuel Macron lundi soir, parmi lesquelles figurent aussi les heures supplémentaires défiscalisées ou l'exemption de hausse de CSG pour les retraités gagnant moins de 2 000 euros, vont se chiffrer à environ « 10 milliards d'euros ».

Le déficit, prévu à 2,8 % en 2019, devrait en conséquence se creuser légèrement et atteindre 3,2 % du PIB, a indiqué Edouard Philippe, puisque le gouvernement ne touchera pas à la transformation du CICE en baisse des charges, comme le réclamaient certains dans la majorité.

Afin d'atténuer les conséquences pour les finances publiques de ces mesures, le gouvernement a décidé de limiter la baisse du taux d'impôt sur les sociétés à celle de moins de 250 millions d'euros de chiffre d'affaires l'année prochaine. Elle sera décalée d'un an pour les autres, a précisé le Premier ministre au quotidien économique.

Mea culpa

« Nous demandons donc un effort aux plus grandes entreprises pour nous permettre de dégager une recette supplémentaire de l'ordre de 1,8 milliard d'euros », a-t-il expliqué.

Ces mesures doivent être présentées en Conseil des ministres mercredi avant de passer à l'Assemblée nationale jeudi et au Sénat vendredi.

Sur la forme, le Premier ministre, s'est fendu, comme le président lundi, d'un mea culpa en concédant des « erreurs » dans la gestion d'une crise qui secoue le pays depuis un mois. « Nous n'avons pas assez écouté les Français. Je reste persuadé qu'ils veulent qu'on transforme ce pays. Je leur dis que leur impatience est la mienne. Nous allons continuer à réparer le pays en les associant davantage », a-t-il promis, ajoutant qu'il n'y a « pas de tournant » mais « un changement de méthode ».

Même si plusieurs appels à un acte VI circulent sur les réseaux sociaux pour samedi prochain et même vendredi, jour des 41 ans d'Emmanuel Macron, l'apaisement était palpable dimanche en régions, au lendemain d'une mobilisation divisée par deux (66 000 manifestants).

« Les combats sont finis, le débat c'est maintenant », a souligné dimanche le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, sans exclure l'envoi de « CRS ou de gendarmes à la campagne" pour « libérer l'espace public ».

« Problèmes pas résolus »

Alors que des « gilets jaunes » de plusieurs régions s'attendaient à être délogés de ronds-points par les forces de l'ordre, une source policière a fait valoir que la question des ronds-points « sera traitée ».

Difficile de conclure à une quelconque défaite des « gilets jaunes » qui ont obtenu bien plus que les syndicats ou partis d'opposition avant eux.

« L'engagement du président sera tenu », a assuré Richard Ferrand. Qui en appelle à « la responsabilité des parlementaires » pour valider les mesures, afin qu'elles soient applicables dès le 1er janvier.

Les détails de la « grande concertation nationale » doivent également être connus dans la semaine. Le débat doit s'appuyer fortement sur les maires et aborder quatre grands thèmes (transition écologique, fiscalité, organisation de l'État et démocratie et citoyenneté - où a été insérée l'immigration).

En préambule, l'Association des Maires ruraux de France a lancé un appel demandant à la France périphérique de se « débarrasser du "complexe du plouc ?" » pour « imposer » une parole commune face à la « cécité » de beaucoup de dirigeants.

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