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Gilets jaunes : Bruno Le Maire prolonge le soutien aux commerces

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18 mars 2019

Bruno Le Maire a dit lundi vouloir éviter des faillites liées au mouvement des « gilets jaunes », dont les dégradations sont estimées à 170 millions d’euros depuis le 17 novembre, et annoncé la prolongation d’un mois du dispositif d’étalement des charges sociales et fiscales.


Photo prise le 16 mars 2019 sur les Champs-Elysées - REUTERS/Philippe Wojazer


La chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Paris Ile-de-France avait demandé un plan d’urgence et des mesures permettant d’assurer la sécurité après d’importants dégâts lors des manifestions des « gilets jaunes » samedi à Paris. Le ministre de l’Economie et des finances et sa secrétaire d’Etat, Agnès Pannier-Runacher, ont reçu les organisations professionnelles pour évaluer ces conséquences économiques.

« L’ensemble des déclarations de sinistres représente environ 170 millions d’euros », a déclaré Bruno Le Maire sur la base de chiffres fournis par la Fédération française de l’assurance, excluant le samedi 16 mars. « C’est 10 000 déclarations de sinistres sans compter les déclarations de samedi. »

Le ministère a invité artisans et commerçants à faire appel au dispositif d’aide et d’accompagnement décidé en réponse à la crise des « gilets jaunes », prolongé d’un mois jusqu’au 30 avril. Le gouvernement a décidé par ailleurs de généraliser des « brigades d’intervention », à l’oeuvre à Toulouse, pour informer les commerçants de leurs droits. « Nous ne voulons aucune défaillance d’entreprise en raison des événements liés au mouvement des gilets jaunes », a assuré Bruno Le Maire.

Stéphane Pénet, de la Fédération française de l’assurance, a assuré que les commerces étaient en France plutôt bien assurés contre ce genre de sinistre. « Il y a une garantie qui s’appelle "actes de vandalisme" qui les couvre contre toutes les dégradations qu’ils peuvent subir : incendie, dégradation de leur stock ou de leur matériel », a-t-il expliqué sur BFM TV.

« Exaspération »

Il a également évoqué la garantie « perte d’exploitation » qui permet de répondre aux pertes dues à l’impossibilité d’ouvrir son commerce le temps des réparations. Entre « 60 % à 70 % des commerces » sont selon lui équipés de ce genre de garantie.

Dans son communiqué, la CCI de Paris Ile-de-France souligne pour sa part la « très vive exaspération » des commerçants et que « les employeurs et leurs salariés rencontrés sont traumatisés par la répétition et l’intensité des violences ». Samedi, 91 commerces ont été touchés, dont 80 % assez lourdement, ajoute-t-elle. « Sur les Champs-Elysées, la très grande majorité des commerces (...), des cafés-restaurants et une part importante des kiosques, ont été atteints. »

La chambre parisienne demande « des mesures fortes » et estime qu’« un véritable plan d’urgence pour le commerce parisien s’avère nécessaire, à l’instar de celui proposé par l’Etat pour les commerces des métropoles de province ».

Le vice-président du conseil régional d’Ile-de-France, Frédéric Péchenard, a annoncé sur Franceinfo que la région voterait mardi un fonds de 1,5 million d’euros d’aide pour les boutiques et les commerces des Champs-Elysées. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a quant à elle annoncé que les kiosques à journaux détruits seraient rouverts « dès la semaine prochaine ».

L’exécutif a dévoilé lundi une riposte sécuritaire composée de possibles interdictions de manifester dans certains quartiers, de contraventions augmentées et d’une réorganisation des forces de l’ordre, pour tenter d’endiguer la violence lors des manifestations des « gilets jaunes » qui menace de faire dérailler l’issue « du grand débat national ».

Réparations express

Plusieurs boutiques et établissements emblématiques de l’avenue, comme la brasserie Fouquet’s, ont été vandalisés lors de scènes rappelant celles de décembre. La façade d’une boutique Longchamp a également été la proie des flammes, de même que plusieurs véhicules et des kiosques.

Lundi, des artisans habitués des lieux s’activaient pour remplacer les vitrines brisées, et garantir ainsi l’ouverture au plus vite des magasins sur une avenue où chaque jour de fermeture se chiffre en pertes de dizaines de milliers d’euros.

« Ça nous a rajouté beaucoup de boulot. Au mois de décembre, on n’a pas arrêté, on a travaillé jour et nuit », décrit Mouss, un miroitier surchargé par les réparations, devant la vitrine du magasin de prêt-à-porter Tara Jarmon.

En face du Fouquet’s, l’un des rares kiosquiers épargnés par les flammes (ses vitrines ont toutefois été brisées) juge la répétition des destructions « désolante ».

La maire LR du 8e arrondissement, Jeanne d’Hauteserre, déplore l’impact sur le tissu économique du quartier (magasins, grands hôtels). « Des drames ont été évités de justesse. Comme cet immeuble, là ou se trouve une banque, qui a brûlé, où il y a des familles (...) j’ai du reloger une famille de sept personnes », a-t-elle ajouté sur place.

Sherie, venue de San Francisco pour des vacances au George V, tout près des Champs-Elysées, prévient : « Nous allons continuer à venir, car nous adorons la ville, mais peut-être pas dans le même quartier. »

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