Fin des quotas : 2008 ne sera sans doute pas la réplique de 2005

En cette fin d'année 2007, à moins de deux mois de la levée des derniers quotas à l'encontre de la Chine, les inquiétudes grandissent chez certains opérateurs. D'autant que les Etats-Unis vont bénéficier d'un répit supplémentaire par rapport à l'Union européenne, puisque l'accord qu'ils ont signé avec la Chine en novembre 2005 va leur permettre de ne démanteler les derniers quotas chinois qu'au premier janvier 2009.

On doit s'attendre l'année prochaine à un renforcement des flux d'importations européennes d'habillement en provenance de Chine. La grande interrogation concerne bien évidemment l'ampleur de ce renforcement. La lecture de ce qui s'est produit au cours de la période 2005-2007 est éclairante. Elle nous enseigne que lorsque l'on a assisté à l'afflux des importations européennes d'habillement en provenance de Chine en 2005, cette poussée s'est principalement effectuée au détriment des voisins asiatiques de la Chine.

Inversement, lorsque le sourcing en Chine a connu en 2006 un certain ralentissement à la suite de la réintroduction de quotas, ce sont les autres pays asiatiques qui en ont profité. La hausse des importations d'habillement de l'Union européenne en provenance du Continent asiatique est finalement restée sur la même tendance en 2005 et 2006 : respectivement + 16 % et + 17 % en valeur.

La mise en place de quotas vis-à-vis de la Chine n'a finalement pas eu d'impact sur la progression des importations depuis l'ensemble du Continent asiatique. Il semble vraisemblable que les arrivées en provenance d'Asie ne progresseront pas davantage en 2008 qu'en 2005 ou 2006, c'est-à-dire de moins de 20 % en valeur ce qui est déjà considérable.

Le renforcement des approvisionnements en Chine en 2008, se fera principalement au détriment des autres pays d'Asie (Hong Kong et Bangladesh notamment). Parmi l'ensemble des pays asiatiques, la Chine devrait donc en 2008 consolider de façon sensible sa prééminence.

L'engouement pour la Chine sera sans doute moins marqué qu'en 2005, car les donneurs d'ordres ont tendance à diversifier leur sourcing de façon à ne pas dépendre d'un seul fournisseur. De surcroît, les donneurs d'ordres feront preuve d'une certaine prudence dans la mesure où ils ne souhaitent pas revivre l'épisode de l'été 2005, avec le blocage des containers dans les ports.

De même, la proximité géographique constitue, encore plus aujourd'hui qu'hier, un atout déterminant qui permet aux pays du Bassin méditerranéen et d'Europe centrale et orientale de proposer une alternative de sourcing crédible. Car le rythme de rotation des collections n'a jamais été aussi rapide qu'aujourd'hui. De surcroît, les incertitudes climatiques qui ont prévalu ces dernières saisons incitent les distributeurs à limiter les risques en conservant un certain volume d'approvisionnement pour des petites séries en zone proche, de façon à être en phase avec les attentes des consommateurs.

Ces éléments nous permettent de ne pas sombrer dans le catastrophisme pour l'année prochaine. Il reste qu'il convient de rester vigilant, à la fois sur les taux de progression des importations en provenance de Chine en tout début d'année prochaine, mais également sur une éventuelle baisse des prix à l'importation pour les arrivées depuis l'Empire du Milieu. Car la Chine, sur les marchés du textile-habillement comme dans d'autres secteurs de l'économie, exerce une grande influence sur le mécanisme de fixation des prix. Le paramètre monétaire aura également une grande influence dans la mesure où le recul du dollar vis-à-vis de l'euro conduit à renforcer l'attractivité des productions chinoises.