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Clémentine Martin
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Décryptage de la recette d'Inditex, après de nouveaux résultats trimestriels record

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Clémentine Martin
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16 déc. 2022

Inditex a réalisé des résultats financiers record au troisième trimestre de son exercice 2022 et ne compte pas s'arrêter là. Le groupe est désormais emmené par son nouveau directeur général Oscar Garcia Maceiras, qui a assuré la présentation des chiffres aux analystes mercredi 14 décembre. "Nous avons des opportunités de croissance significatives", a répété plusieurs fois le dirigeant. Au cours des neuf premiers mois de l’année, le conglomérat textile a enregistré des "records historiques". Son chiffre d’affaires a progressé de 19% à 23,055 milliards d’euros, tandis que son bénéfice net grimpait de 24% à 3,095 milliards d’euros.


Óscar García Maceiras, le PDG d’Inditex Inditex - Inditex


"Nos opportunités de croissance proviennent de notre présence mondiale sur 215 marchés, avec une part de marché faible et un secteur hautement fragmenté", analyse le directeur général de l’entreprise. Le siège du groupe se situe à Arteixo (La Corogne), en Espagne. Pour lui, l’objectif principal consiste à "optimiser la croissance organique". Ignacio Fernandez, le directeur financier, a tenu, de son côté, à souligner "les très bons résultats" de l’entreprise malgré l’environnement hostile.

Le chiffre d’affaires d’Inditex a crû au cours des trois premiers trimestres de l’année, en boutiques physiques et en ligne, toutes zones géographiques confondues. Les États-Unis conservent leur place de deuxième marché le plus important pour l’entreprise, juste derrière l’Espagne. Toutes les enseignes ont réalisé "des ventes substantielles", mais la chaîne principale du groupe, Zara, se distingue par sa "forte progression".

Inditex n’a pas fourni d’informations détaillées concernant ses ventes digitales, se limitant à mentionner qu’elles sont supérieures à celles de l’an dernier. Elles avaient alors enregistré une progression de 28%. D’ici 2024, le groupe vise un objectif de 30% de recettes générées par le digital.

350 boutiques de moins qu'en 2021



Suite à des ouvertures d’espaces de vente sur 30 marchés, la multinationale comptait 6.307 magasins à la fin de la période, contre 6.657 au 31 octobre 2021. Au cours du troisième trimestre de l’exercice en cours, 63 boutiques d’Inditex ont baissé le rideau.

Par marque, Oysho arrive en tête du nombre de fermetures nettes avec 17 boutiques en moins, ce qui porte leur nombre à 521. Zara, la poule aux œufs d’or du conglomérat espagnol, possède 1.935 boutiques (dont 53 pour Zara Kids et 456 pour Zara Home), soit onze de moins qu’au début de la période. Bershka et Massimo Dutti ont subi douze fermetures, passant à 657 et 605 points de vente respectivement. Enfin, la chaîne jeune Pull&Bear compte 858 établissements, soit huit de moins qu’il y a trois mois. Aucun changement chez Stradivarius, qui conserve ses 920 points de vente.

La Chine, les États-Unis et la Russie dans le viseur



Par région, les résultats sont contrastés. En Chine, l’évolution du chiffre d’affaires a été freinée par les restrictions sanitaires et les confinements. Mais d’après Marcos Lopez, le directeur des principaux marchés d’Inditex, l’entreprise n’a aucune intention d’abandonner le marché chinois malgré la prudence actuelle généralisée dans le secteur. "Nous sommes convaincus d’avoir des opportunités en Chine à moyen et long terme. Le potentiel de la région reste important et le marché va continuer à faire partie des plus attractifs pour le groupe", affirme-t-il.


Collection en édition limitée de Zara avec une campagne mettant à l’honneur Irina Shayk - Zara


Inditex possède actuellement environ 180 boutiques physiques en Chine. Le 14 octobre dernier, la responsable historique du groupe dans la région, Eva Serrano, a pris la présidence de la marque Calvin Klein. Elle a été remplacée par Eugenio Bregolat.

Si les États-Unis font également partie des marchés prioritaires d’Inditex, le groupe espagnol, qui y possède une centaine d’établissements, ne compte pas développer sa présence physique dans le pays pour le moment.

Pour compenser les effets de l’arrêt de son activité en Russie, la société fondée par Amancio Ortega a inclus une dépense exceptionnelle de 14 millions d’euros à son bilan, qui vient s’ajouter aux 216 millions d’euros qui apparaissaient dans les comptes du premier trimestre de l’exercice en cours. Selon Inditex, "cette provision devrait largement couvrir l’impact" de son retrait du pays, où elle comptait 515 boutiques et employait 9.000 personnes jusqu’au 5 mars dernier. D’après les économistes, ce marché générait plus de 5% du chiffre d’affaires total de l’entreprise, soit plus de 1 milliard d’euros par an. En octobre dernier, le groupe a cédé son activité en Russie au groupe Daher. Les détails économiques de la transaction n’ont pas été révélés.

Face à de possibles tensions sur la chaîne d’approvisionnement, l’entreprise a temporairement avancé les rentrées de stock pour garantir la disponibilité de ses produits. Au 31 octobre, son inventaire avait gonflé de 27%; au 8 décembre, les niveaux de stock étaient supérieurs de 15% à ceux de l’exercice passé. Malgré tout, le mastodonte entend maintenir son investissement ordinaire à 1,1 milliard d’euros pour l’exercice. Au taux de change actuels, l’impact des conversions de devises sur ses ventes annuelles devrait être neutre.

Inditex conserve la stratégie de positionnement prix annoncée en mars dernier. Pour compenser la hausse des coûts et l’inflation, une augmentation aura lieu "de façon progressive et sélective, portant sur certaines catégories, certains produits et certaines collections, et seulement si les marges sont menacées". Marcos López a rappelé que ces augmentations se limiteront à un chiffre.


Extérieur de la future boutique de Zara sur les Champs-Élysées - Zara


Comme c’est devenu habituel durant les présentations du groupe présidé par Marta Ortega, les dirigeants ont insisté plusieurs fois sur l’efficacité de son modèle intégré. Oscar Garcia Maceiras a insisté sur les priorités de l’entreprise: "Poursuivre les investissements dans l’expansion de l’activité, offrir une expérience unique et proposer une offre de mode toujours plus pointue". La nouvelle présidente du groupe semble soigner particulièrement cet axe, avec des collaborations exclusives, des lancements premium et des campagnes iconiques permettant d’améliorer la qualité de l’offre et la perception des clients.

Une ouverture en grande pompe à venir sur les Champs-Élysées



Dans les mois à venir, le groupe va mener une série d’ouverture de "flagships stratégiques dans des lieux iconiques". Zara vient notamment d’inaugurer une méga-boutique de 6.000 mètres carrés dans le centre de Valence et a rénové ses établissements à Busan (Corée du Sud) et Kyoto.

Dans la même logique, la griffe va ouvrir "un important point de vente" au printemps prochain à Paris. Comme l’avait déjà annoncé FashionNetwork.com, Zara va déménager sur les Champs-Élysées, passant du numéro 92 au 74 de la plus belle avenue du monde.

D’après les informations données par le PDG du groupe, cette nouvelle boutique occupera une surface de 3.600 mètres carrés, avec une identité graphique renouvelée. Son design mettra en avant l’efficacité énergétique et certains espaces seront dédiés à des collections spécifiques, comme la ligne haut de gamme 'Origins', ou encore les gammes de cosmétiques et de lingerie de la griffe. Cette inauguration pourrait avoir lieu lors de la prochaine Fashion Week parisienne. Elle pourrait aussi attendre la publication des résultats financiers annuels de l’entreprise, prévue le 15 mars 2023.

Selon Oscar Garcia Maceiras, les objectifs de l’entreprise passent également par le déploiement du programme 'Zara Pre-Owned' sur "certains nouveaux marchés déterminants au cours de l’année prochaine". Lancé au Royaume-Uni en novembre dernier, le projet utilise une plateforme intégrée disponible sur l’application de Zara, dans ses boutiques physiques et en ligne, où les clients peuvent accéder à des services de réparation, de revente et de location des vêtements de la marque.

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