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Culottes Menstruelles: pour Façon de Faire, le remboursement doit se limiter aux produits français

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20 avr. 2023

Le 6 mars dernier, la Première Ministre annonçait pour 2024 le remboursement des protections périodiques réutilisables pour les personnes de moins de 25 ans. Façon de Faire, réseau de fabricants textiles salué par l’Etat lors de la production de masques, veut empêcher ces subventions d’aller aux culottes menstruelles importées.


Lemahieu


C’est l’objet d’une lettre adressée à l’exécutif par les 180 industriels textiles français composant Façon de Faire (ex Savoir-Faire Ensemble). Qui s’inquiète que, via les remboursements par la Sécurité Sociale, l’argent public français ne profite pas aux entreprises tricolores.

“Et ceci d’autant plus qu’il y a des questions de santé, d’émissions carbones, de réutilisation et d’enjeux techniques: que des points sur lesquels l'industrie française est en capacité de répondre”, explique à FashionNetwork.com Martin Breuvart, président de Façon de Faire et dirigeant de l’entreprise nordiste Lemahieu.

Pour le représentant de filière, il faut compter entre 25 et 45 euros à l’achat pour une culotte menstruelle, qu’elle soit produite en France, ou importée avec une marge plus importante sur le prix. Un équilibre que pourrait “casser” des subventions ouvertes aux culottes étrangères, prévient le responsable. 

“Il y a en France des industriels et des dizaines de marques françaises qui font de la culotte menstruelle”, rappelle Martin Breuvart. “Or ce sont des acteurs qui connaissent des difficultés face à des culottes étrangères qui ne sont, elles, pas forcément en coton bio ou Oeko-tex, qui n’ont pas forcément les mêmes capacités d'absorption, et pose des questions d’empreinte carbone et de conditions de travail.”. 

Cette question intervient à l’heure où nombre de textiliens gardent un souvenir amer de la mobilisation pour la production de masques sanitaires. Alors qu’en 2020 l’exécutif louait la mobilisation d’une filière textile française vectrice de souveraineté industrielle, les commandes de masques Made in France s’étaient effondrées au retour des importations asiatiques.

“Dans une période incertaine, d’ultra-compétition mondiale, d’inflation et de crise du pouvoir d’achat, la filière textile a besoin de se sentir soutenue”, insiste Martin Breuvart, bien conscient que l’Europe pourrait retoquer une mesure avantageant l’industrie nationale. “Si on ne peut pas jouer sur l’aspect géographique, on peut aller sur les aspects technicité ou empreinte carbone”, explique l’industriel. “Que les contribuables se retrouvent à financer des produits étrangers, les États-Unis, la Chine et la Russie le font. Pourquoi par l’Europe ?”.

Une étude Minted estimait en 2020 à 9% (+2 points) la part des femmes françaises recourant aux protections périodiques réutilisables, dont les culottes menstruelles. Mais ce chiffre connaîtrait une progression accélérée, poussé par l’inflation et les polémiques liées à l’impact des protections jetables sur la santé (lire notre article “Culottes menstruelles: un marché très disputé“). Le cabinet Nielsen estimait l’an passé que les ventes de culottes menstruelles avaient augmenté de 272% en 2021, portant en France ce marché à 10,8 millions d’euros.
 

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