BAMAKO, 4 déc 2005 (AFP) - La question des subventions des Etats-Unis à ses producteurs de coton a une nouvelle fois été évoquée ce week-end au Sommet Afrique-France de Bamako, où le président français Jacques Chirac et ses homologues africains ont appelé Washington à rompre avec ce système.

Des ouvriers transportent une récolte de coton au Burkina Faso, en janvier 2005 - Photo : Issouf Sanogo

Au cours du Sommet, "nous avons tous mis en garde contre certaines évolutions trop libérales qui risquent de nous conduire à une satisfaction donnée aux pays riches et aux pays émergents au détriment, en matière commerciale et notamment agricole, des pays les plus pauvres", a déclaré dimanche M. Chirac en clôture de la réunion dans la capitale malienne.

Le Sommet de Bamako a "émis de voeu de voir la réunion ministérielle de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) à Hong Kong (du 13 au 18 décembre) prendre en compte les priorités de développement de l'Afrique dans les négociations commerciales", selon un communiqué final.

La veille, le président malien Amadou Toumani Touré avait déclaré: "Le coton, produit par 33 pays africains, est emblématique du commerce inéquitable qui prive nos Etats de ressources indispensables à notre développement et accroît la pauvreté parmi les plus pauvres de notre population".

"Allons-nous continuer, en Afrique, à semer du coton pour récolter des déficits, pendant que d'autres, plus nantis, sèment le coton pour récolter des subventions ?", avait-il interpellé.

Selon lui, "l'établissement de relations commerciales internationales basées sur l'équité et la justice devient, dès lors, une exigence fondamentale du développement des pays du sud et d'Afrique en particulier".

Selon le président français, "l'Afrique doit prendre sa juste place dans le commerce international, notamment agricole".

"Les paysans africains doivent recevoir la juste rémunération de leur travail. Nous ne pouvons accepter qu'une libéralisation hâtive et généralisée des échanges agricoles ruine les efforts des pays les moins avancés", a estimé samedi M. Chirac, avant d'appeler "les Etats-Unis à supprimer les subventions à leurs producteurs de coton, comme l'Europe a entrepris de le faire".

"Elles appauvrissent des millions de petits producteurs africains, pourtant compétitifs", a-t-il averti.

Ces déclarations ont suscité "une grande satisfaction" de l'Association des producteurs de coton africain (AProCA), qui avait appelé de ses voeux une position "claire et nette" de la France dans ce dossier à l'issue d'une réunion commune avec l'Association cotonnière africaine (ACA) en novembre dernier.

"C'est la première fois qu'il s'exprime aussi clairement sur la question (...) en attendant que les choses se concrétisent comme on l'espère", a commenté dimanche Mamadou Ouattara, secrétaire permanent de l'AproCA au Mali.

En vue du sommet de l'OMC, l'AProCA a rassemblé les signatures de citoyens à travers l'Afrique centrale et occidentale pour dénoncer "les subventions injustes et exorbitantes accordées aux producteurs de coton aux Etats-Unis", a annoncé M. Ouattara.