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Bercy dévoile son plan de soutien au commerce de proximité

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29 juin 2020

Prêt garanti par l'Etat facilité, aide à la digitalisation des commerces, création de 100 foncières locales pilotées par l'Etat… Bercy a dévoilé ce 29 juin la première étape de son plan de relance pour le commerce et l'artisanat. Son objectif : ne pas générer le "premier plan social de France" en cas de défaillances massives dans le secteur. Un plan qui apparaît au final très ténu par rapport aux espoirs des fédérations consultées durant sa préparation. Celui-ci intègre même certains points sans rapport direct avec les effets déjà constatables du Covid-19. Il se tourne principalement vers le commerce de proximité, ce qu'annonçaient redouter précisément les enseignes.


MG/FNW


"Le grand défi auquel nous devrons faire face dans les prochains mois sera celui de la hausse des inégalités en France, en Europe et partout dans le monde", a indique le ministre de l'Économie Bruno Le Maire lundi devant les députés. "Nous aurons besoin de plus de solidarité. Plus de solidarité nationale pour aider les plus fragiles… Nous aurons besoin de plus de solidarité territoriale pour les commerces qui font la vitalité des villes et des villages de France."

Comme cela été le cas ces derniers mois, Bercy entend donc d'abord soutenir les trésoreries. Grâce à ce nouveau plan, les TPE ayant dû fermer durant le confinement bénéficieront automatiquement d'une exonération de cotisation et contributions patronales de trois mois. Et pourront bénéficier d’un crédit égal à 20 % de la masse salariale soumise à cotisations sociales sur la même période, montant qui sera utilisable pour le paiement de l’ensemble des cotisations et contributions en 2020 (dettes antérieures, prélèvements reportés ou échéances à venir). Pour les travailleurs indépendants, une mesure exceptionnelle de réduction des cotisations sociales personnelles sera mise en place au titre de l'année 2020. Mesure qui devrait porter sur un montant de 400 millions d'euros.

Le fond de solidarité va par ailleurs être prolongé jusqu'en juin pour les petites entreprises et indépendants (hors-tourisme). Le refus d'un prêt garanti par l'État (PGE) qui était nécessaire pour accéder au second volet du PGE, n'est désormais plus un critère. Mesure qui doit permettre de dégager 500 millions d'euros pour les petites structures. En outre, Bercy annonce la suppression sur 3 ans de la majoration de la base taxable de 25 % pour les indépendants n'adhérant pas aux organismes de gestion agrée.

Des foncières pour lutter contre la vacance commerciale



La mesure phare de cette annonce est la création de jusqu'à 100 "foncières de redynamisation des commerces", via la Banque des Territoires. L'objectif est d'acquérir et rénover d'ici cinq ans au moins 6 000 commerces. Le principe n'est pas nouveau, et a déjà été appliqué de façon ponctuelle sur le territoire via des sociétés d'économie mixte, qu'elles soient municipales, départementales ou régionales. L'objectif est que ces foncières facilitent l'arrivée de nouveaux commerces et artisans dans des points stratégiques des localités.

Cette mesure s'inscrit étonnamment moins dans une réponse à la crise que dans le plan Action Cœur de Ville précédemment engagé. L'objectif est de lutter contre la vacance commerciale, qui a doublé en dix ans, et touche massivement les villes petites et surtout moyennes. Et ce sont surtout ces dernières que Bruno Le Maire entend cibler. Bercy y anticipe en effet de nombreuses transmissions de commerces devant intervenir dans les prochaines années, posant le risque d'une absence de reprise par une nouvelle génération de professionnels, ou une transmission sans modernisation préalable des locaux.

Mais la mesure s'accompagne néanmoins de dispositifs plus directement liés à la crise, et destinés à accélérer une sortie de crise. L''État veut ainsi doter les villes d'outils d'analyses d'impact de la crise, financer des managers de centres-villes, ou encore soutenir des solutions de logistique décarbonée. Une campagne de communication dédiée à l'artisanat et au commerce de proximité, et tournée vers les jeunes consommateurs, sera par ailleurs menée à l'automne.

Digitalisation des petits commerces



Le troisième point de ce plan est, sans surprise, la digitalisation des points de ventes. Bercy veut mettre Internet à profit pour renforcer le chiffre d'affaires des sociétés. Non pas en visant simplement la vente en ligne, mais en développement les outils de génération de trafic en point de vente que sont le click&collect ou l'e-réservation. Un plan d'actions sera dévoilé en ce sens durant le mois de juillet. Sensibilisation, diagnostic, formation et investissement dans des solutions en ligne formeront les quatre étapes de la mesure.

L'enjeu est de taille, notamment dans l'habillement où 78 % des petits commerces indépendants n'ont pas de présence en ligne. Parmi les objectifs assumés, l'État veut notamment armer les entreprises face à l'éventualité d'un nouveau confinement. Mais il est également question d'accompagner les collectivités locales dans le développement de solutions structurantes pour leurs tissus commerciaux. À savoir notamment le déploiement de plateformes de commerce locales à même de redynamiser le commerce urbain.

"Les commerçants qui avaient une présence numérique durant le confinement sont ceux qui ont pu sauver les meubles. Il faut qu'une entreprise sur deux soit en mesure d'utiliser le web pour augmenter ses revenus. L'idée est de s'approprier les codes créés en termes de service client et de modèle de vente pour en faire profiter les petits commerçants", explique la secrétaire d'État Agnès Pannier-Runacher, qui rappelle de façon simple l'enjeu de ce plan : "Quand un indépendant dépose le bilan, on ne l'entend pas. Mais s'ils sont des milliers à le faire, cela peut vite devenir le premier plan social de France".

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