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Bangladesh: l'association des industries textile promet de réagir

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29 avr. 2013

Photo : AFP

SAVAR (Bangladesh), 29 avr 2013 (AFP) - Les grues sont entrées en action lundi au Bangladesh pour déblayer les gravats d'un immeuble effondré près de Dacca mercredi, après la mort du dernier survivant de la catastrophe dans laquelle ont péri plus de 380 ouvriers du textile travaillant pour des firmes étrangères.

La catastrophe survenue au Rana Plaza, à Savar, dans la banlieue de la capitale, a fait au moins 381 morts et un millier de blessés graves, en majorité des femmes, selon l'armée, mais le nombre total des victimes était impossible à établir avant l'enlèvement des décombres, étage après étage.

Des producteurs locaux devaient rencontrer lundi à Dacca des représentants des grandes firmes occidentales qui se fournissent au Bangladesh, dont le suédois H&M, l'américain Gap, le néerlandais C&A et le chinois (basé à Hong Kong) Li and Fung.

"Nous voulons les assurer que nous faisons le nécessaire pour éviter que ce genre de tragédies ne se répète", a déclaré à l'AFP Shahidullah Azim, vice-président de l'association des industries du textile du Bangladesh qui rassemble quelque 4 500 sociétés.

Il a précisé qu'il tenterait de les convaincre de poursuivre leur coopération, sans préciser si certaines enseignes travaillaient avec les ateliers présents dans l'immeuble effondré.

Pas moins de 2 500 personnes ont été sorties vivantes de l'amas de béton et d'acier depuis l'accident mercredi matin. Selon la fédération des ouvriers du textile, quelque 3 000 personnes étaient employées par les ateliers de confection installés dans l'immeuble.

"Les équipes de secours ont arrêté la recherche manuelle de survivants", a déclaré le porte-parole de l'armée, Shahinul Islam. "Deux grandes grues ont commencé à travailler pour enlever de grands blocs. Un bloc de 12 tonnes a déjà été enlevé et sept autres le seront dans la journée".

La Première ministre du pays, Sheikh Hasina, qui avait promis la justice aux victimes et l'arrestation des responsables, a inspecté le site lundi après s'être rendue au chevet de victimes à l'Enam Medical College Hospital.

Dimanche, un incendie s'est produit dans les ruines du bâtiment au moment où les secours tentaient de sauver une femme très affaiblie mais vivante, piégée depuis cinq jours et que ses forces quittaient peu à peu.

"C'était une femme courageuse et elle a lutté jusqu'au bout", a raconté, ému, le chef des pompiers, Ahmed Ali.

Son prénom, a-t-il dit, était Shahnaz et elle avait un fils de dix ans. Trois pompiers ont par ailleurs été blessés dans l'incendie.

Des milliers d'ouvriers dans la rue

Lundi, des volutes de fumée noire continuaient de monter des débris de l'immeuble devenu un tombeau pour des centaines d'ouvriers -- essentiellement des femmes travaillant pour moins de 40 dollars par mois pour des marques occidentales.

Sept personnes au total ont été arrêtées, dont le propriétaire de l'immeuble, Sohel Rana, un entrepreneur membre du parti au pouvoir, interpellé à la frontière en tentant de fuir en Inde. Il est soupçonné d'avoir enfreint le code national de la construction, l'immeuble ayant été construit illégalement.

Des milliers d'ouvriers ont quitté leurs ateliers lundi et sont descendus dans la rue en réclamant la peine capitale pour les propriétaires de l'immeuble.

Le patronat avait décrété le week-end chômé dans l'espoir d'apaiser leur colère après l'effondrement d'un immeuble illégal, le Rana Plaza, qui s'est effondré comme un château de cartes mercredi.

Mais la police et les syndicats ont indiqué lundi que des milliers d'ouvriers travaillant sur la zone industrielle d'Ashulia, en périphérie de la capitale, étaient descendus dans la rue pour manifester.

Selon le chef de la police locale, Badrul Alam, 15 000 personnes défilaient, tandis qu'une télévision locale, Private Independent, a rapporté que la foule avait incendié des véhicules sur son parcours. La police, a ajouté ce média, a riposté en tirant des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes.

"Ils ont bloqué des routes en chantant +pendez Rana+", a indiqué M. Alam à l'AFP.

Des rescapés ont raconté que des ouvriers travaillant au sein du bâtiment s'étaient publiquement inquiétés la veille de fissures, mais leurs employeurs les ont forcés à embaucher mercredi, ignorant leurs mises en garde.

L'immeuble abritait cinq ateliers de confection notamment liés aux marques espagnole Mango et britannique Primark, seules enseignes à avoir confirmé leurs relations avec des ateliers du Rana Plaza.

Selon le groupe de défense des ouvriers du textile, Clean Clothes Campaign, dont le siège est à Amsterdam, le britannique Bonmarché, l'espagnol Corte Inglès et le canadien Joe Fresh - marque de confection vendue dans les supermarchés Loblaw - ont confirmé leurs liens avec les ateliers du Rana Plaza.

Dimanche, un photographe de l'AFP a pris des clichés de chemises bleues étiquetées "United Colors of Benetton" sur le site. Sollicitée par l'AFP, la marque italienne n'a pas dans l'immédiat réagi à ces informations.

Il s'agit du pire accident dans l'histoire industrielle du Bangladesh, pays pauvre d'Asie du Sud qui a fait de la confection le pivot de son économie.

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