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8 juil. 2022
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Bananatex: demain porterons-nous des vêtements en fibre de banane?

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8 juil. 2022

Après avoir été utilisé dans les domaines de la chaussure, des accessoires et de l'ameublement, le tissu en fibre de banane Bananatex déploie aujourd'hui de nouvelles applications dans le secteur de l'habillement. La réalisation de t-shirts, chemises, chinos, manteaux et imperméables est à présent possible via des tissus affinés ainsi que les toutes premières exploitations de la fibre sous forme de maille.


Hannes Schönegger - MG/FNW


Que ce soit sous forme de chaussures pour H&M, de sacs pour l'enseigne Cos, ou encore de chapeaux pour MCM Worldwide, Bananatex a en quelques années su attiser l'intérêt d'une filière mode en quête d'alternatives aux matériaux phares. Une quête que connaît bien le directeur général et cofondateur Hannes Schönegger, l'aventure Bananatex ayant débuté en 2008 sous forme de marque propre tournée vers des matériaux responsables.

"Après avoir exploité coton organique, fibre de bambou et lin, nous avons appris l'existence de la fibre de banane, qui est la plus solide que l'on trouve à l'état naturel", explique le dirigeant. "Une espèce de banane spécifique existe pour cela aux Philippines, principalement tournée vers l'industrie du papier et du cordage, mais nous avons découvert que personne encore ne la transformait en fils fins. Or c'est ce dont nous avions besoin. Nous avons donc lancé nos recherches en 2015."

Trois ans plus tard, Bananatex sort son premier sac en fibre de banane. Un grand nombre de marques internationales contactent alors l'entreprise, basée en Autriche, pour demander à exploiter elles aussi le procédé. "Pour maximiser notre impact positif, nous avons décidé de partager nos découvertes", explique Hannes Schönegger. La marque propre est alors rebaptisée Qwstion, Bananatex devenant alors une structure dédiée à l'exploitation de la fibre éponyme.

Une fibre qui élargit aujourd'hui ses horizons. Après chaussures et sacs, l'entreprise présentait du 5 au 7 juillet sur le salon Première Vision à Paris son premier t-shirt en Bananatex. Une pièce qui ouvre la porte d'une exploitation de la fibre sous forme de maille. "Le tricotage n'est pas un domaine que nous connaissions précédemment, mais cela va nous ouvrir de très nombreuses possibilités", se félicite le directeur général. Qui pointe par ailleurs que la production est en mesure de répondre à la demande, avec une production à l'échelle industrielle de 50.000 fils par mois.


Collaborations de Bananantex: Good NewsxH&M, LiunicxH&M et QwstionxMover - Bananatex


La fibre est récoltée puis transformée en pulpe aux Philippines, avant de gagner Taïwan où s'effectuent filature, teinture, tissage et finissage. Parmi ses avantages figurent sa capacité à se biodégrader en 90 jours via le compostage et sa capacité à pouvoir rejoindre la filière de recyclage du papier.

La fibre Bananatex est néanmoins deux fois plus cher que le coton, nous indique Hannes Schönegger, qui pointe cependant que cela ne serait pas le cas si le prix complet des matériaux était observé. "Si l'on regardait les coûts réels, les matières dominantes comme le coton seraient bien plus élevées, et c'est un désavantage pour nous. Mais c'est au final moins une question de prix que de valeur, aujourd'hui: c'est devenu dommageable pour une marque de ne pas produire de façon responsable".

La marque Bananatex s'est récemment rapprochée d'Ananas Anam, fibre à base de feuilles d'ananas de l'entreprise Pinatex, ainsi que de Regenerate Fashion, agence de conseil brésilienne spécialisée dans les transformations responsables de la filière textile. Sous le pavillon de Fibral Material Alliance, leur objectif commun est de renforcer l'influence des fibres d'origine naturelle dans la filière.

Qwstion, marque propre de Bananatex


"Nous n'allons pas remplacer les matières dominantes, mais nous pensons pouvoir faire la différence", explique Hannes Schönegger. "Notre constat commun est que la nature a beaucoup à offrir, mais que nous n'avons pas encore vraiment exploré ce potentiel et avons pris des raccourcis, comme l'extraction du pétrole. Or, si nous n'en faisons pas pleinement les frais pour le moment, nous le paierons à terme. La filière textile doit en prendre conscience."

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