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Ailleurs à Milan: Tod’s, KB Hong et Lardini
Entre les défilés et les présentations, Milano Moda Uomo totalise près de 50 évènements. FashionNetwork.com a rencontré trois marques dans le coup et qui montent en puissance: Tod’s, KB Hong et Lardini.
Tod’s: élégance moderne et art du portrait
Le créateur de Tod’s, Walter Chiapponi, a intitulé sa dernière collection masculine « Le Portrait italien », et en effet, elle revisite avec intelligence le style de la botte italienne.
"Je voulais éliminer tous les détails et revenir à l’essentiel", expliquait le créateur lors d’une présentation à l’espace fétiche de Tod’s, la superbe Villa Necchi avec son architecture moderniste chic. Walter Chiapponi dévoile des trenchs droits à cinq boutons, des vestes chemises en cuir nappa brillant couleur caramel, des bombers en daim à col Nehru et quelques superbes gilets en laine feutrée, doublés de peau retournée.
La collection marque un retour à la silhouette des années 1940 – comme avec les bombers et les pantalons à pli que le créateur considère comme un stéréotype des hommes de l’époque. Les détails étaient restreints au strict minimum, avec des touches discrètes du côté des coutures ou des doublures.
"Le luxe, aujourd’hui, c’est une capacité à se taire et travailler sur les grandes lignes de la silhouette. Je le vois dans les rues: de New York à Séoul en passant par Berlin, les jeunes ne portent plus de baskets. Ils ne jurent que par les Chelsea boots. C’est un message, pour moi. Pas à pas, beaucoup de gens suivent mon exemple. Même les mannequins ne viennent plus aux castings en tenue débraillée", expliquait le créateur de Tod’s.
Ses tops posaient dans la villa, chaussés d’une nouvelle version formidable des bottines W.G. iconiques, avec des matières intercalées et une coupe plus sportive.
Mais l’expression la plus puissante du style de Walter, c’était sa nouvelle version du blouson Pash de Tod’s, bel exemple du savoir-faire exceptionnel de la maison. Avec des finitions faites main, et des techniques de cirage sophistiquées qui donnent au cuir une toute nouvelle dimension.
KB Hong: le triomphe du chic sino-italien
La Chine, comme d’ailleurs tous les pays classés sous l’étiquette BRICS, a du mal à donner naissance à d’authentiques marques de luxe. C’est ce qui rendait le défilé de KB Hong ce lundi si spécial: car il s’agissait incontestablement d'une mode masculine sino-italienne de première classe.
KB Hong est la ligne pour hommes haut de gamme de Kick Boxing, une marque grand public qui affiche près de 2.500 points de vente en Chine, et qui est contrôlée par une grande fortune, la famille Hong.
Et il faut féliciter le ou les rejetons Hong qui gèrent KB Hong. À cause des restrictions liées au Covid, aucun membre de la famille n’a pu assister au défilé, présenté avec un professionnalisme certain au musée du design, un bâtiment rationaliste baptisé la Triennale. En choisissant Massimo Foroni, créateur gentleman qui a passé deux décennies au service du grand Gianfranco Ferré, ils ont été bien inspirés.
La collection était présentée en petit comité dans une salle plongée dans le noir, et les tops défilaient derrière un rideau de lasers, à l'occasion de la troisième participation seulement de KN Hong au calendrier officiel de la Fashion Week milanaise.
Le créateur propose un mix de looks héroïques classiques avec une touche chinoise : cet italien a élu domicile à Shanghai. Il y a des milieux où le mot "oriental" n’est pas politiquement correct. Mais pas chez KB Hong, dont le programme était intitulé "Orientalisme chic".
Massimo intègre habilement le "loong", un motif oriental traditionnel de dragon taillé dans le jade. Il s’aventure du côté des manteaux longs en cachemire, des pulls épais, des blazers stylés et des peignoirs classieux. "Nous utilisons principalement des tissus italiens de la meilleure qualité, même si tout est fabriqué en Chine. Et, comme vous pouvez en juger au toucher, les vêtements sont remarquablement bien produits", soulignait-il.
Gianfranco Ferré était un tailleur de légende, et Massimo n’a lui-même rien d’un tire-au-flanc, proposant de superbes vestes Nehru et des pantalons évasés. Son manteau de dignitaire en soie jacquard noire était assez fabuleux, et on ne pouvait qu’admirer ses blousons en feutre de laine à col montant, et ce très beau blazer enveloppant rebrodé noir et blanc.
Aussi, des nomades urbains chics vêtus de parkas et sacs à dos assortis, ainsi que des blazers portefeuille high tech très cool quoi que légèrement sinistres. C’est avec ce même look que le créateur est venu saluer. Il joue ainsi sur l’idée des cols traditionnels superposés chinois, et sur la silhouette du Hanfu.
C’était parfois un peu trop grandiose, et un tantinet trop rétro, mais l’un dans l’autre, les pièces présentées étaient exceptionnelles. Gianfranco aurait été fier. Et si Massimo pouvait injecter quelques-unes des idées de rockeur gentleman de Monsieur Ferré, alors la collection décollerait vraiment.
Le luxe sino-italien est né. Zuò dé hão, Massimo.
Lardini: Plus jeune, plus cool et à Milan
Cela fait longtemps que Lardini est une marque qui incarne le savoir-faire italien de la plus haute qualité. Cette saison, la maison ajoute une note plus tendance.
Dans un revirement stratégique bien senti, la griffe s’oriente vers une vision bien plus contemporaine, et rajeunit d’au moins cinq ans sa clientèle cible. Cette nouvelle direction a été dûment célébré avec une présentation suivie d’une soirée, où les DJs Mace et Cristina Lazic ont fait chauffer les platines au Palazzo Mezzanotte, l’ancienne bourse de Milan.
Un défilé tout en élégance et en mouvement, avec des redingotes de stars des années 1980 et des trenchs en jacquard 3D. Le tout associé à des manteaux de style militaire à revers contrastants, des pantalons slims et quelques vestons croisés très classieux.
"43 ans se sont écoulés depuis le lancement de notre entreprise, et pendant cette longue période, nous avons dû surmonter toutes sortes de crises. Aujourd’hui, le scénario auquel nous sommes confrontés est incroyablement complexe, et soumis à des facteurs extérieurs qui échappent clairement à notre contrôle. Cela nous pousse à être plus attentifs que jamais, et à nous préparer sans cesse au changement et à affiner nos stratégies", expliquait le PDG, Andrea Lardini.
Pour appuyer ses dires, la maison a quitté le salon géant de la mode masculine, le Pitti de Florence, et déplacé sa présentation à Milan. C’est un transfert qui semble voué à devenir permanent.
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