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Clémentine Martin
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7 janv. 2019
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A-Cold-Wall s’engage contre le nationalisme

Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
7 janv. 2019

Enfin une proposition radicalement décalée, politique et artistique pendant les défilés homme. On la doit à A-Cold-Wall, qui signe l’événement le plus remarquable des trois jours de Fashion Week homme à Londres, qui se clôturait lundi soir. Il s’agit également de la première référence claire aux dangers du Brexit dans le secteur de la mode, pourtant largement opposé à la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne.


A-Cold-Wall - Automne-hiver 2019 - Londres


Après un week-end sous le signe de l’athleisure dans l’est londonien, A-Cold-Wall signe un événement impactant, avec un défilé présenté sur une scène sombre dotée de deux piscines. Une série de vagabonds et d’âmes en peine y passent en dansant.
 
Il s’agit là d’une référence évidente à la façon dont les réfugiés sont traités comme une menace plutôt que comme des personnes. Les danseurs étaient au premier plan et en toile de fond du défilé, au cours duquel on a pu découvrir les nouvelles propositions streetwear du designer et fondateur d’A-Cold-Wall, Samuel Ross.

Finaliste du prix LVMH l’an passé, Samuel Ross fait partie des nouveaux talents à suivre de près et n’a pas son pareil pour mêler attitude street, lignes originales et concepts exagérés.
 
C’est ce que nous racontent ses cardigans gris sculptés en feutre aux empiècements color-block, ses pantalons matelassés et sa superbe veste autrichienne en laine bouillie sans col avec un mètre-ruban en noir et blanc. Il faut aussi mentionner les imperméables tech et les sweatshirts haut de gamme aux détails travaillés. Le créateur fait la part belle au nylon imperméable ou aux couches d’acétate transparente tissées dans l'étoffe pour le côté graphique.
 
Avant le défilé, les spectateurs étaient invités à s’avancer en file indienne dans l’espace à l’arrière de la Truman Brewery, au cœur de l’est londonien. On pouvait lire sur un panneau à l’entrée : « Veuillez noter que des chiens participent à ce défilé. Chaque chien est entraîné avec soin et tenu en laisse par un maître-chien qualifié à tout moment. »
 
En fait, on n’a vu qu’un seul doberman furieux qui a fait une apparition sonore et remarquée vers le point d’eau le plus lointain, évoquant probablement le traitement des réfugiés par la police dans les camps.
 
« Ce que nous voulons, c’est que la performance revienne sur les podiums anglais. Nous voulons revenir à l’ère McQueen. Nous ne voulons pas créer une simple installation pour un défilé. La piscine la plus proche du public représente celle de la peur et de la protection à l’ère du nationalisme. Et la plus lointaine est le sens humain inné de l’évolution. Socialement, cette génération voit vraiment le développement de l’intelligence artificielle, tandis que nous sommes aussi confrontés à un nationalisme de droite et à une xénophobie au moment du Brexit. L’évolution contre la souveraineté », résume Samuel Ross en coulisses.
 
Samuel Ross est venu tranquillement saluer, tenant fièrement dans ses bras sa fille Genesis, qui a soufflé sa première bougie le jour de Noël. Un puissant symbole d’espoir après un moment de mode novateur.

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