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13 oct. 2020
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3 Suisses poursuit sa relance et lance son incubateur à DNVB

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13 oct. 2020

Acteur historique de la vente à distance, la société 3 Suisses débutait en octobre 2019 une nouvelle phase de son histoire, après sa reprise par ShopInvest. Un an et une crise sanitaire plus tard, sa directrice Karine Schrenzel livre à FashionNetwork un premier bilan de la relance de l’ex-véadiste tricolore devenu e-commerçant. Sans pour autant se départir du catalogue, dont les exemplaires restent attendus.


Karine Schrenzel - 3 Suisses


“Il y a un an, nous parlions de ne faire le catalogue que sur demande. Or, des demandes, on a eu plus de 300.000!”, raconte la directrice. “C’est un succès incroyable qui montre qu'il reste une madeleine de Proust”.

Une madeleine de Proust qui s'accompagne de la réédition de pièces issues des catalogues des années 70, 80 et 90. Offre spéciale qui, s’inscrivant dans la stratégie RSE de l’entreprise, se compose à 90% de pièces made in France et à 87 % réalisées uniquement en matières naturelles.

De quoi enrichir une offre dont la stratégie annoncée en 2019 prévoyait un drastique changement d’envergure, destiné à rendre l’offre plus lisible. Des 40.000 pièces d’origine, ce sont désormais 5 000 pièces qui sont désormais proposées aux clients.

Une offre dans un premier temps largement consacrée à la mode féminine, mais autour de laquelle se redéveloppent désormais des univers connexes. C’est notamment le cas de l’équipement de la maison et des cosmétiques, déjà représentés par une centaine de références, auxquels s’ajoutent des ambitions concernant la maroquinerie, les bijoux et montres, les chapeaux et la lingerie. Sans oublier une relance progressive de l’offre masculine.

Le tout est mis en avant à travers une communication centrée sur des ambassadrices, choisies parmi les clientes elles-mêmes. Des influenceuses maison à même d’emporter l’adhésion de leurs paires et dont le succès ne se serait pas démenti depuis un an. A ceci s’ajoutent des campagnes publicitaires décidées à casser les codes de la mode, quand elles ne jouent pas sur le décalage comme ce fut le cas d’une opération remarquée autour du légendaire “masseur à joues” historiquement proposé dans le catalogue.


Un incubateur à DNVB



Pour asseoir sa nouvelle approche de l’offre, 3 Suisses vient de lancer l’incubateur “3S  Impact”, destiné à accompagner et accélérer le développement de DNVB (digital native vertical brands) en profitant de la force de frappe du portail. Le dispositif a déjà intégré le français Faguo, ainsi que les marques cosmétiques Mademoiselle Provence ou Alt.Cosmetics.



Le catalogue est désormais écoulé à 300.000 exemplaires - 3 Suisses




“Le dispositif a été créé très récemment et va être rapidement rejoint par d’autres marques choisies en fonction des valeurs que nous partageons avec elles et de ce que nous pouvons leurs apporter”, explique Karine Schrenzel.

“C’est une initiative en partie commerciale, bien sûr, mais qui permet aussi de faire émerger des envies et objectifs communs. Et ce sont des structures qui en sont à différentes étapes de maturité, mais qui ont en commun cette volonté de faire différemment de ce qu’ont pu faire les grandes marques ces dernières années.”

“La marque en elle-même, l’envie de consommer un produit, mais également les valeurs dont il est porteur, vont se retrouver de plus en plus au cœur des préoccupations des clients”, explique la responsable. “Ce qui me fait penser que, même si on parle beaucoup des difficultés du commerce physique, nous en aurons toujours besoin pour la proximité et le côté émotionnel qu’il offre. C’est pour cela que trouver comment générer de l’émotion a une place aussi centrale sur le web.”​


Productions locales et marges brutes



De nombreux changements se sont donc enchaînés, ces derniers mois, pour 3 Suisses. Des changements qui payent, nous indique Karine Schrenzel: “Le panier moyen a augmenté de 25 % pour atteindre 75 euros. Et la fréquence d’achat s'est accélérée grâce à notre base de clientes historiques, avec un rythme multiplié par 3,7. Nous avons également constaté que 80% des clients sont de nouveaux visiteurs. Ce qui montre que nos engagements parlent”.


3 Suisses



Parmi ses engagements, l'ex-véadiste met en avant une production plus locale. Dès sa relance, il proposait des pièces à 88% produites en Europe (France, Italie, Portugal…). “Moins on parcourra de kilomètres, mieux on se portera” estime Karine Schrenzel.

“Mais il faut garder un côté pragmatique, et encore plus dans une période de crise comme celle que nous traversons en ce moment. Les gens ne peuvent pas se permettre de payer 2 euros de plus. On a beaucoup réduit nos marges.”

Cette volonté de produire plus proche se heurte encore à certaines barrières. Le groupe 3 Suisses explique ainsi ne pas avoir encore trouvé un denim français ou européen dont les prix conviendraient à sa clientèle. Un écueil d’envergure face à la prépondérance du denim dans l’habillement, auquel s’ajoute une difficulté à trouver des alternatives accessibles au cuir.

Propriétaire de 3 Suisses, ShopInvest se démarque par sa nature transversale. Les équipes opèrent simultanément pour les dix sites détenus : 3 Suisses, Mencorner, Bijourama, DeclikDeco, Lookéor, Comptoir de l'Homme, Mode in Motion, Lemon Curve, Fitancy ,et depuis peu RueduCommerce.

Pour rappel, la société Livelle, détentrice de la marque 3 Suisses, avait obtenu au printemps son placement en procédure de sauvergarde en vue de pouvoir rééchelonner la dette de 10 millions d’euros reprise au moment du rachat du portail. Une procédure désormais terminée.

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