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18 févr. 2018
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Roland Mouret : de #MeToo à Laura Mars

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Paul Kaplan
Publié le
18 févr. 2018

Le mouvement Me Too a traversé toute la Fashion Week londonienne. Dimanche matin, le défilé de Roland Mouret en était lui aussi infusé, mais à travers le prisme des références à un film emblématique des années 1970.


Roland Mouret - automne 2018 - Instagram


Les Yeux de Laura Mars, sorti en 1978, raconte l'histoire de Laura Mars, photographe de mode new-yorkaise interprétée par Faye Dunaway, qui fait l'expérience angoissante de visions terribles. Le film contamine l'ensemble de la collection, depuis les capes à motif jacquard baroques jusqu'aux pantalons en velours, en passant par les tailleurs masculins en prince-de-galles et les capes en laine alpaga, avec coutures apparentes.
 
« En tant que créateur de mode, ce film est ma bible. Je n'ai jamais voulu y toucher, mais cette année, son sens résonnait tellement avec l'actualité, à une époque où les femmes de pouvoir sont très sexualisées », a expliqué Roland Mouret dans les coulisses de son défilé, après avoir salué sous les applaudissements d'Arizona Muse, Daisy Lowe et Caitriona Balfe.

La collection était présentée sur un podium aux allures de labyrinthe, dans l'enceinte du Royal National Theatre, sous les célèbres arêtes brutalistes d'un autre monument des années 1970, le Southbank Centre, au bord de la Tamise.
 
Roland Mouret a sans aucun doute apporté quelque chose de nouveau à son travail - des tops en dentelle à chevrons stretch, des jupes baroques... Ses vêtements sont faits pour une femme puissante et libre, à quelques encablures des petites robes qui l'ont rendu célèbre, coupées au scalpel, sculptées autour du corps des mannequins. 
 
Le créateur français a abordé l'épineux sujet dont tout le monde parle, celui du harcèlement sexuel dans le secteur de la mode. Un problème qu'il a pu observer des deux côtés, puisqu'il a aussi été mannequin dans sa jeunesse. Un peu plus tard dans la soirée de dimanche, une vingtaine de stars de cinéma britanniques se sont unies pour arpenter, toutes de noir vêtues, le tapis rouge de la cérémonie des Bafta, devant le Royal Albert Hall ; nombre d'entre elles étaient accompagnées par des activistes féministes plutôt que par leur cavalier habituel.


Roland Mouret - automne 2018 - Instagram

 
Pourtant, Roland Mouret met aussi en garde contre un jugement précipité à l'encontre de qui que ce soit. « Nous vivons dans un monde où les gens sont coupables sur Instagram avant même d'avoir été jugés. On brûle les photographes comme les sorcières au Moyen-Âge. Normalement, on est innocent jusqu'à preuve du contraire. Aujourd'hui, c'est le contraire. C'est pour ça que le film est intéressant. Car les années 1970 marquent le début de la libération de la femme. On détruit les gens en les montrant du doigt, en les jugeant... »

« J'ai été mannequin à Milan dans les années 1980, alors je sais ce qui se passait parfois, malheureusement, dans le monde de la mode. Pourtant, à mon avis, certains sont attaqués aujourd'hui, accusés simplement parce qu'ils ont du succès dans la mode depuis plus de 20 ans : ils doivent forcément avoir quelque chose à se reprocher... L'objectif du mouvement, c'est l'égalité et c'est louable, mais parfois, les moyens employés pour y arriver ne le sont pas », a-t-il conclu.

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