Paul Smith : tel père, tel fils

Auteur :

Godfrey Deeny

Traduit par
Paul Kaplan

Publié le
24 juin 2018

Voilà un bel hommage, une collaboration réussie entre un père et son fils. La dernière collection de Paul Smith était envahie de magnifiques imprimés estompés, réalisés à partir de photographies dont la plupart ont été prises par son père.

Paysages marins, couchers de soleil sur la ville, affiches graphiques - une poésie frappante se dégageait, accentuée par la patine particulière des images. Benjamin Harold Smith était représentant de commerce, mais il avait apparemment un grand talent pour la photographie ; ces gènes créatifs ont été sans nul doute transmis à son fils, le créateur de mode britannique indépendant le plus prospère de l'histoire.
  
« Nous avons trouvé plusieurs boîtes remplies de ses photographies. Le plus incroyable, c'est qu'elles avaient changé avec le temps. Un paysage marin prenait soudainement des teintes roses ! » s'amuse Sir Paul Smith après le défilé. 

Résultat : d'incroyables trench-coats et imperméables, des parkas sublimes, des coupe-vent du meilleur effet, tous recouverts de ces audacieux imprimés photographiques, un procédé technique développé par Paul Smith lui-même au début des années 1980. La présentation étant mixte, certaines images de Benjamin Smith se retrouvaient également sur des jupes en soie et des robes d'été.

Paul Smith faisait d'ailleurs référence à cette époque avec des vestes à la carrure imposante : des redingotes longues, en cuir souple, des pantalons larges, des vestes croisées à taille basse et d'incroyables blazers de rock star. Le défilé était organisé à l'Élysée Montmartre, un music-hall du 19e siècle, qui s'est transformé depuis en lieu célèbre pour ses concerts de rock. « Bowie a déjà joué ici, la collection semble donc bien adaptée au lieu », affirme Sir Paul Smith, qui avait d'ailleurs décoré les coulisses du défilé avec des affiches de rock sélectionnées parmi les photographies de son père.
 
« Je sais qu'il est là-haut et qu'il nous regarde », souffle-t-il avec un soupçon de fierté et de mélancolie dans le regard.