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Mandelson va négocier avec la Chine avec peu de cartes en main

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3 sept. 2005

BRUXELLES, 3 sept 2005 (AFP) - Le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson part samedi négocier à Pékin, affaibli par le refus des Etats membres de libérer les produits textiles chinois bloqués en douane sans avoir d'assurance sur le respect de l'accord de Shanghai qui limite les importations de Chine jusqu'en 2007.


Peter Mandelson le 4 septembre à Pékin - Photo : Peter Parks

Les longues réunions vendredi des hauts fonctionnaires et experts des Etats membres ont tourné au bras de fer entre le commissaire, qui voulait obtenir le déblocage des produits avant de négocier avec Pékin leur imputation sur les quotas 2006 et 2007, et la minorité des pays "textiliens", qui lui ont refusé ce chèque en blanc.

"Il part avec une main très affaiblie", a confié à l'AFP une source diplomatique proche du dossier. L'approche de la Commission consistant à afficher les divisions entre Etats membres font que "les Chinois ne vont lui lâcher que des miettes", pronostiquait cette source.

Même des Etats membres favorables au déblocage immédiat des produits, comme l'Allemagne, souhaitaient que M. Mandelson soit doté d'un clair mandat de négociation, selon cette source.

"Je ne voulais assurément pas avoir les mains liées et me voir donner une main faible dans la négociation" avec les Chinois, a expliqué M. Mandelson vendredi soir à la presse.

Il a minimisé les divergences avec les pays producteurs de textiles (Espagne, Italie, France, Grèce et Portugal), qui constituent une solide minorité de blocage, en les qualifiant de "tactiques".

Selon lui, tous les Etats membres sont d'accord pour que les produits commandés avant l'entrée en vigueur de l'accord UE-Chine de Shanghai le 12 juillet puissent entrer sur le territoire européen.

"La question posée est différente: comment tenir compte de ces produits selon les termes de l'accord de Shanghai et quelle doit être la tactique de l'UE pour régler cela de manière flexible et équilibrée?", a-t-il expliqué.

Mais la très forte pression exercée cette semaine par M. Mandelson, en contact permanent avec les capitales, pour arracher un déblocage des biens sans contrepartie définie, a irrité, notamment la France qui ne refuse jamais une chance de "tacler" un commissaire au Commerce, quel qu'il soit.

"Les Européens ne fonctionnent pas avec des ultimatums", a affirmé vendredi la ministre française du commerce extérieur Christine Lagarde.

"C'est la Commission qui a produit l'accord de Shanghai" (approuvé par tous les Etats membres à l'exception de la Lituanie) "et les Etats membres peuvent avoir pleinement confiance qu'elle maintiendra", a répliqué M. Mandelson.

La difficulté, comme il l'a lui-même reconnu, est que Pékin n'a aucune obligation légale d'accepter que les produits commandés par les importateurs et distributeurs européens en excès des quotas 2005 soient imputés sur les quantités allouées pour 2006 et 2007.

Dans la catégorie la plus sensible des pull-overs, laisser entrer dans l'UE toutes les pièces bloquées dans les ports mais commandées avant le 12 juillet aboutirait de facto à doubler le quota de 69 millions fixé pour 2005.

Si on y ajoute les pull-overs pourvus de licences d'importation ou achetés sur des contrats à long terme, c'est d'un quasi triplement qu'il s'agirait.

Pendant que M. Mandelson négocie à Pékin, où il rencontre dimanche son homologue Bo Xilai à la veille d'un sommet UE-Chine, les contacts se poursuivront entre Etats membres, dont les représentants se retrouveront mardi à Bruxelles.

Si le commissaire revenait les mains vides ou presque, la voie serait ouverte à des mesures unilatérales de l'UE, ce que M. Mandelson a toujours combattu dès l'origine de cette crise, provoquée par l'élimination, le 1er janvier 2005, des derniers quotas encadrant les échanges textiles internationaux.

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