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5 juil. 2017
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Maison Margiela Artisanal : un livre à ne pas juger à sa couverture

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Paul Kaplan
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5 juil. 2017

Douce semaine pour John Galliano, qui a présenté une collection magnifique, tout en hyper déconstruction, pour la ligne Artisanal de Maison Margiela, ce mercredi matin dans le nord de Paris. Le défilé avait lieu deux jours après le vernissage de la superbe rétrospective Christian Dior Couturier du Rêve, qui confirme son statut de meilleur successeur de Monsieur Dior. Cette même semaine, Renzo Rosso, le milliardaire italien dont le groupe contrôle la maison Margiela, a révélé que les affaires n'avaient jamais été aussi bonnes pour la célèbre marque.

Maison Margiela - automne-hiver 2017 - Haute Couture - Paris - © PixelFormula


John Galliano a parfois été critiqué, probablement de manière injuste, pour ses créations très théâtrales à la tête d'une maison comme Margiela, temple absolu de la mode conceptuelle. Aujourd'hui cependant, il était totalement en symbiose avec l'héritage historique de Margiela. Son point de départ était un livre, littéralement, puisque le créateur né à Gibraltar a démantelé les tomes d'une encyclopédie historique, cousant et assemblant ces éléments pour aboutir à une présentation envoûtante. 

Les manches sont arrachées, décousues des épaules; des manteaux entiers sont suspendus à la taille. John Galliano se joue des proportions, comme un architecte un peu fou, mais réussit toujours à produire des images d'une grande beauté. On a particulièrement aimé les robes en mousseline transparente, recoupées en petites blouses qui laissent voir des bustiers assez sportswear, l'ajout d'un motif tribal africain sur une robe longue absolument magnifique et les robes-manteaux métallisées, complètement disséquées, avec de grosses ceintures d'haltérophile argentées.

Maison Margiela - automne-hiver 2017 - Haute Couture - Paris - © PixelFormula


Une démonstration magistrale de légèreté et d'intelligence. Le jeu de transparence racée qui parcourt la collection initiera à coup sûr une tendance ces prochaines saisons.

Le défilé avait lieu dans son propre atelier, où des bustes de couture portaient des trenchs confectionnés avec des rubans, des gammes de tissus, des toiles et où un mannequin du XIXème siècle était posé sur un chariot pré-révolutionnaire. Les membres du studio, tous en blouse blanche selon la tradition de la maison, se tenaient fièrement sur un escalier pendant que les invités quittaient l'atelier, très impressionnés.
 
Le siège de Margiela est installé dans un ancien couvent, situé en face de l'église Saint-Joseph-des-Nations dans le nord de Paris. Situation adéquate, John Galliano maniant avec une dextérité particulière le mélange des cultures : même s'il est réputé pour ses gestes créatifs extrêmes, le résultat est apaisant et majestueux.
 

Maison Margiela - automne-hiver 2017 - Haute Couture - Paris - © PixelFormula


Le clou du spectacle est arrivé avec un trench époustouflant, kimono fantasmé d'un samouraï dandy, coupé dans une soie rigide aux faux-airs de carton. « Bellissima ! » s'est exclamé Renzo Rosso, assis au premier rang d'un défilé applaudi par moins de 80 invités, avant de nous révéler que Maison Margiela avait réalisé une croissance commerciale à deux chiffres en 2016, les ventes annuelles ayant dépassé 142 millions d'euros.

« Les affaires ne pourraient aller mieux. Les 3/4 du chiffre d'affaires de Margiela sont réalisés par les ventes de prêt-à-porter et le reste grâce aux accessoires. Habituellement, dans les autres maisons de mode, c'est plutôt l'inverse - nous entrevoyons un grand potentiel de croissance grâce à John. Énorme même ! » s'est réjoui Renzo Rosso.

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