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Les stylistes tchèques à la conquête de leur pays

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18 nov. 2006

PRAGUE, 18 nov 2006 (AFP) - A mi-chemin entre haute couture et prêt-à-porter, les stylistes tchèques se battent pour se tailler une place dans leur propre pays et sortir de l'uniformité.


La styliste Monika Drapalova lors de son défilé le 17 novembre 2006 pendant la Prague Fashion Week - Photo : Michal Cizek/AFP

"Après la fin du communisme, les femmes se sont ruées sur les marques occidentales dans les rayons des grands magazins, mais les choses commencent à changer", explique Daniela Flejsarova, une créatrice qui travaille depuis près de vingt ans.

Aujourd'hui, deux Tchèques sur trois disent vouloir s'habiller avec originalité, selon un récent sondage, mais les maisons de couture peinent encore à développer leur clientèle.

Deux fois par an, la "Prague Fashion week" permet aux plus célèbres et aux plus prometteurs de présenter leurs créations, avec l'espoir de focaliser l'attention et de changer les habitudes de consommation.

Depuis la chute du communisme, le pouvoir d'achat a beaucoup augmenté et les habitudes vestimentaires ont évolué. Le salaire moyen est passé de d'environ 90 euros (120 dollars) au début des années 90 à 710 euros cette année, les dépenses des ménages ont proportionnellement augmenté.

Mais, en 2005, les dépenses vestimentaires moyennes plafonnaient autour de 300 euros par an, selon les chiffres de l'Office national des statistiques. Dans la tranche supérieure de revenus, la part consacrée aux habits n'augmente pas, contrairement au budget consacré à la maison.

"Mes clientes tchèques, même les plus aisées, ne +craquent+ pas facilement, leurs achats sont toujours raisonnés", souligne Géraldine Bérouard, une Française qui tient une boutique de mode féminine à Prague.

"La Parisienne qui veut se faire plaisir s'achète un beau manteau, la Pragoise choisira plutôt une machine à laver", résume avec humour Daniela Flejsarova.

Prague revendique pourtant une longue passion pour l'élégance, sous l'influence de Paris, Londres ou Vienne: une des premières revues de mode d'Europe (Mode Fabriken - Gewerbzeitung) fut publié là dès 1787.

Après une période faste sous la Première république (1918-1940), la guerre, puis le communisme ont porté un coup fatal à la vitalité des maisons de couture locales, toutes nationalisés en 1948. L'idéologie dominante a bridé la créativité des stylistes, contraints à moins de frivolité et plus d'utilitaire.

L'effondrement du communisme a permis l'éclosion d'une nouvelle génération, mais, dans le même temps, mis fin au statut privilégié dont jouissait à l'Est le secteur vestimentaire tchèque.

Depuis la chute du Mur, ceux qui ont de l'argent optent généralement pour des marques internationales connues, comme le dit Monika Drapova, jeune styliste qui travaille en France pour la maison Korloff et s'efforce de développer ses activités dans son propre pays.

Pour l'instant, "c'est surtout pour se faire plaisir" qu'elle présente ses créations personnelles à Prague. Pour mieux convaincre, elle tend, comme beaucoup de stylistes locaux à présenter des vêtements faits pour être portés, plus que pour faire rêver.

"Contrairement aux Russes, les Tchèques donnent peu dans les dépenses visibles, le voyant, l'ostentatoire", souligne Philippe Cam, le directeur de la maison Taiza qui se flatte d'avoir réalisé la garde-robe de Tatana Kucharova, la nouvelle Miss Monde.

Les coupes fluides, classiques et la prédominance du noir pour les robes du soir présentées lors la soirée inaugurale de l'édition 2006, sous les lustres de cristal de la résidence municipale, reflètent cet esprit de sobriété.

Pour les organisateurs de la "Fashion Week", l'objectif est de rendre à Prague son ancien statut de capitale de la mode. "On connait les Français, les Italiens, les Russes, très peu les Tchèques, mais le monde de la mode se nourrit de nouveauté", souligne Jan Chudoba, qui supervise le rendez vous qui s'est tenu cette semaine.

Rares sont ceux, qui comme Osmany Laffita, le couturier d'origine cubaine peuvent revendiquer une inscription à la rubrique "mode" du Who's who -juste après Calvin Klein. Mais beaucoup disent qu'il est plus facile de percer à l'étranger qu'à Prague. Et par delà le marché local, la "Fashion Week" de Prague ambitionne de devenir un rendez-vous international de professionnels, comme Berlin ou Madrid.

Par Sophie PONS

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