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Le succès du beurre de karité, une aubaine pour des villageoises burkinabè

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8 mars 2007

OUAGADOUGOU, 8 mars 2007 (AFP) - En vogue en Occident, les produits de beauté à base de beurre de karité sont réputés pour leur action anti-âge mais ils présentent une autre vertu, moins connue : fournir un revenu à des légions de villageoises africaines démunies.


Beurre de Karité

Promus par de grandes marques de cosmétiques, les produits à base de beurre de karité ont vu leur popularité bondir ces dernières années, selon l'agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Au Burkina Faso, un des principaux pays producteurs, des associations viennent en aide aux villageoises qui se sont lancées dans la production de cette substance riche en vitamines qui permet d'hydrater la peau, de protéger du soleil et de lutter contre l'apparition des rides.

A Gounghin, village poussiéreux proche de Ouagadougou, l'association Songtaab-Yalgre ("s'entraider" en dialecte mossi), fondée en 1990 pour apprendre aux femmes à lire et à écrire, est aujourd'hui essentiellement dédiée à la production de beurre de karité.

"Après qu'on eut enseigné à un premier groupe de femmes à lire en 1990, on s'est dit qu'on ne pouvait pas les abandonner. Nous devions les aider à vaincre la pauvreté", explique Clarisse Nonguierma, vice-présidente de cette association qui compte 1 174 membres.

"On a décidé de lancer la production de beurre de karité parce que cela aide les femmes du village à se faire de l'argent", ajoute-t-elle.

"Grâce à dieu, nous avons ce travail. Avec mon mari qui est mort, cela m'aide à m'occuper des enfants", affirme Honorine, 52 ans, mère de six enfants, obligée de se plier en deux pour malaxer la pâte de karité dans d'énormes bassines en plastique.


Des ouvrières d'une coopérative préparent le beurre de karité dans un quartier de Ouagadougou Photo : Issouf Sanogo/AFP

"Les villageoises à travers le pays récoltent les noix. Nous essayons de les organiser en groupes, de leur fournir équipement et crédits et de les aider à augmenter la production", indique Kassoum Soudre, trésorière du "Projet karité au Burkina".

La noix de karité, dont est extrait le beurre, provient d'un fruit semblable à un petit avocat et pousse sur des arbres qu'on trouve exclusivement le long de la ceinture sahélienne, entre le Cap Vert et le Tchad.

Ces grands arbres, qui ne peuvent pas être plantés, ne donnent des fruits qu'après vingt-cinq ans et une fois toutes les trois saisons. Mais ils vivent plusieurs centaines d'années.

Depuis des temps immémoriaux, les Africaines utilisent le beurre de karité pour cuisiner, soigner et hydrater leur peau et leurs cheveux.


Des ouvrières d'une coopérative préparent le beurre de karité dans un quartier de Ouagadougou
Photo : Issouf Sanogo/AFP

Dans la coopérative de Gounghin, les noix, une fois séchées au soleil, sont placées dans un moulin électrique pour séparer l'écorce des graines qui sont ensuite concassées. La pâte obtenue est alors travaillée à la main pendant 20 minutes et donne le beurre de karité, qui une fois chauffé, filtré et refroidi, est prêt à l'emploi ou à entrer dans la composition de savons ou de crèmes.

D'après la présidente et fondatrice de l'association, Marceline Ouedraogo, la coopérative a permis aux femmes d'améliorer leur production et d'avoir accès non seulement au marché domestique mais aussi au marché international.

"Ici, les hommes produisent seulement le mil ou les céréales pour la famille. Donc tout ce que la femme produit aide à nourrir les enfants, à leur acheter des vêtements et à les envoyer à l'école", explique Mme Ouedraogo.

"Auparavant, les femmes vendaient déjà du beurre ou des noix, mais individuellement, et les enfants n'avaient pas de vêtements pour aller à l'école. A présent, elles font la même chose mais différemment et elles gagnent plus d'argent. De plus, elles ont appris à lire et à écrire et elles gèrent désormais l'association elles-mêmes", se réjouit-elle.

Par Claire ROSEMBERG

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