Par
AFP-Relaxnews
Publié le
19 oct. 2017
Temps de lecture
4 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Cosmétiques : le naturel revient au galop

Par
AFP-Relaxnews
Publié le
19 oct. 2017

(AFP) - Adieu la chimie de synthèse et (re)bonjour les molécules naturelles : de plus en plus de fabricants de cosmétiques privilégient les produits issus de la nature pour séduire les consommateurs. Il y a quelques années, le parfumeur Guerlain mettait ainsi au point un sérum anti-âge à partir... de miel ! Pour concevoir ce produit, la maison, propriété du groupe LVMH, participe financièrement à la protection des abeilles noires d'Ouessant, une espèce vivant presque exclusivement sur l'île bretonne.

Jean-Luc Ansel, directeur général de Cosmetic Valley


« En termes d'image pour la marque c'est fort, et cela va dans le sens de la protection de la nature », revendique auprès de l'AFP Marc-Antoine Jamet, secrétaire général de LVMH et président de Cosmetic Valley, réfutant toute accusation de « green washing » (tentative de s'acheter une image verte). Cosmetic Valley est un pôle de compétitivité qui s'étend entre Tours, Rouen, Orléans, Chartres et Versailles et concentre 800 entreprises du secteur et un dixième des produits de beauté vendus dans le monde.

Selon Marc-Antoine Jamet, rencontré en marge du salon Cosmetic 360 à Paris, organisé par Cosmetic Valley, les cosmétiques naturels, du fait des importants besoins en matières premières, participent à « la renaissance » des parcelles de cultures. Comme celles de la rose centiflora aux environs de Grasse (Alpes-Maritimes). Cette appétence des consommateurs pour les produits naturels existe depuis plusieurs années mais les industriels remarquent, depuis deux ans, un engouement sans toutefois être en mesure de le quantifier.

Avec la hausse des prix du pétrole et des matières synthétiques d'un côté, et, de l'autre, les nouvelles technologies d'extraction qui rendent plus abordable l'utilisation de plantes ou de fruits, les cosmétiques naturels deviennent de plus en plus intéressants pour les industriels. Néanmoins, si ces produits sont considérés comme plus sains et plus écologiques par le public, ils n'échappent pas à un large spectre de vérifications. « Avec la chimie de synthèse, le processus est plus cadré », explique à l'AFP Amandine Goubert, responsable projet et Recherche et Développement à Cosmetic Valley. « Avec les plantes, il faut vérifier qu'il n'y a pas eu de contamination » extérieure, ajoute-elle.

IDbio est un fabricant d'ingrédients botaniques. Son rôle est de fournir les grandes marques de cosmétique en composants, que la société extrait de produits naturels. A partir d'un travail de recherche, elle identifie des ressources qui pourraient servir comme base à des crèmes ou parfums et contacte des producteurs. « Nous nous basons sur des ressources qui ne sont pas utilisées dans l'alimentaire ou alors sur des aliments de fin de récolte », précise Alexia Forestier, responsable communication de cette biotech. Ceci afin de ne pas empiéter sur le secteur agroalimentaire.

IDbio utilise ainsi la fleur du safran du Limousin pour ses propriétés adoucissantes et antioxydantes. L'épice n'étant fabriquée qu'à partir de la partie supérieure du pistil, « tout le reste n'était pas valorisé ». Le peu de produit nécessaire pour récupérer le principe actif recherché par les laboratoires fait qu'un abricot du Roussillon, par exemple, pourra suffire pour des dizaines de pots de crème de soin.

L'intégration des producteurs locaux au processus de production est un facteur essentiel de la cosmétopée, un terme inventé en 2010 par le fondateur de la Cosmetic Valley, Jean-Luc Ansel, à partir du mot pharmacopée. Celui-ci fait référence aux médecines traditionnelles utilisant des plantes. La cosmétopée se veut une méthode de recensement de toutes les traditions cosmétiques, souvent oubliées.

Jean-Luc Ansel, à travers ses voyages, a ainsi découvert que la grande majorité des femmes birmanes s'enduit le visage de tanaka, une crème fabriquée à partir d'un arbre. Ce produit, en plus de servir de protection contre le soleil, a des vertus anti-rides. « Quand vous avez 50 générations qui vous disent que telle plante a tel effet, il faut utiliser ce savoir pour développer une activité économique ! » assure le directeur général de Cosmetic Valley, insistant sur la dimension « locale ». L'objectif n'étant pas que les connaissances de ces populations se retrouvent captées par les multinationales.

Pour l'instant, la cosmétopée, au sens le plus strict du terme, n'en est donc qu'à ses balbutiements. Jean-Luc Ansel travaille à développer une filière en Polynésie française, où il a récemment publié une thèse sur le sujet.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 AFP-Relaxnews.