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Aubade succombe à la concurrence chinoise et s'exile en Tunisie

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4 oct. 2006

PARIS, 4 oct 2006 (AFP) - Aubade, grand nom de la lingerie fine en France, a succombé à son tour à la pression de la concurrence chinoise en annonçant suppressions d'emplois et délocalisation vers la Tunisie, un des pays privilégiés pour son savoir-faire de qualité à moindre coût.


Défilé de lingerie, ici Aubade, à Taipei, le 16 mars 2006 Photo : Patrick Lin/AFP

La société a annoncé mercredi le transfert vers la Tunisie du peu d'activités d'assemblage qui restait en France, avec à la clé 180 suppressions d'emplois et la fermeture d'un site dans la Vienne.

Raison invoquée, la concurrence asiatique, devenue trop forte pour le groupe de lingerie haut de gamme, célèbre pour les décolletés plongeants des mannequins de ses publicités.

"Nous ne pouvons plus nous battre, nous ne sommes plus compétitifs", a expliqué à l'AFP Daniel Carrière, directeur industriel de la société, soulignant que "plus de la moitié des sous-vêtements vendus en France est aujourd'hui chinoise".

"Les ventes ont reculé de 12 % au premier semestre et nous prévoyons un recul de 10 % sur l'ensemble de l'année. Il était urgent d'agir", a fait valoir Felix Sulzberger, directeur général de Calida, le groupe de textile suisse, maison mère d'Aubade.

La déferlante de produits chinois à prix cassés qui a suivi la levée des quotas de textiles made in China au 1er janvier 2005 a touché de plein fouet l'industrie de la lingerie, comme le reste du secteur textile français.

Sur la seule année 2005, les importations de sous-vêtements en provenance de la Chine ont bondi de 40,6 % en France, selon des chiffres du cabinet Precepta, filiale du groupe Xerfi.

Les fabricants haut de gamme et luxe, jusqu'alors préservés de la concurrence, connaissent depuis des difficultés.

"Les entreprises qui faisaient du bas et moyen de gamme étaient déjà directement concurrencées par les pays asiatiques, mais depuis 2005, les produits plus haut de gamme et luxe sont eux aussi directement touchés", explique Gaëlle Josse, analyste chez Precepta.

"Au fil du temps, la Chine acquiert un certain savoir-faire et devient effectivement capable de concurrencer les produits de la lingerie haut de gamme française", ajoute-t-elle.

Résultat, les industriels "délocalisent de plus en plus", poursuit-elle, ce qui se répercute sur la production française: entre 2000 et 2005, elle a chuté de 70 %.

Le Maghreb attire par sa main d'oeuvre peu chère et sa proximité avec l'Europe, même si les pays asiatiques accueillent de plus en plus d'entreprises à la recherche d'économies de coûts.

"Les coûts de façon en Tunisie sont deux à trois fois inférieurs à ce qu'ils sont en France", justifie Daniel Carrière. A l'issue de son plan de restructuration, Aubade réalisera donc dans ce pays 95 % de ses opérations d'assemblage, qui exigent une main d'oeuvre nombreuse, contre 70 % aujourd'hui.

"Nous suivons l'exemple de nos concurrents, comme Chantelle ou Simone Pérèle, qui sont beaucoup plus avancés que nous" en matière de délocalisations, souligne Felix Sulzberger.

Avant Aubade, le fabricant de lingerie haut de gamme Barbara, placé en redressement judiciaire en 2004, avait lui aussi déjà délocalisé en Tunisie, tout en optant pour l'Inde et la Chine pour s'approvisionner.

A terme, si "les bureaux créatifs des fabricants devraient rester en France", leurs produits "se feront en Afrique du Nord et en Asie, avant d'être réimportés et dispatchés sur l'Europe du Nord", anticipe Gaëlle Josse.

Par Gaëlle GEOFFROY

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